1751-01-15, de Christian Gottlieb von Hohmann, Graf von Hohenthal à Voltaire [François Marie Arouet].

Monsieur,

J'ai reçû la lettre obligeante que vous vous êtes donné la peine de m'écrire du 26 du mois passé.
Le contenu est une affaire de change entre vous et le Juif Hirschel. Je marquerai la vérité de cela. Il m'a fait une remise de vos lettres de change pour Paris de 40000 ll: pour les faire négocier selon le cours du change d'ici et suivant la copie de sa lettre que vous trouverés incluse, mais dans ce tems là il n'étoit pas possible d'obtenir un cours convenable. Pour cet effet je l'ai envoiée à mes amis à Paris, pour en demander l'acceptation et le payement à son tems. Sur cela le Juif souhaita de moi une assignation pour Dresde ou quelque argent, ainsi je lui ai envoié T.2000, — en argent comptant suivant la quittance de la poste; la quelle somme il m'a renvoyée à la foire du nouvel an.

Si j'avais négocié ces lettres de change come le Juif prétendoit d'abord, chaque lettre seroit passée en plus de dix mains différentes, ce qui auroit été une perte de plusieurs centaines d'écus.

Mais comme cette affaire vous touche je n'ai ni n'aurai pas de compte à faire au Juif. Il n'a qu'à me bonifier, pour protestation, affraichement, port de lettres et d'autres petits frais, ce qu'il voudra, et ce que vous trouverés de raisonnable, je m'en contenterai.

Je ne demande du Juif Hirschel rien, et jamais ce qu'il prétend.

C. G. Hohmann B. de Hohenthall