1748-08-31, de Nicolas René Berryer de Ravenoville à Voltaire [François Marie Arouet].

J'ay été instruit Monsieur de la grande foule qu'il y a eüe sur le théâtre jeudy et qui a pu gêner la représentation, mais quel remède apporter au moment même?
Lorsque les spectateurs sont entrés et placés, peut on les faire sortir? et par qui commencer? L'abus provient du trop grand nombre de billets que les comédiens distribuent. D'ailleurs les billets de théâtre n'étant pas différents des places principales, tout le monde préfère le théâtre et veut y être, parce qu'on se communique plus facilement que dans les loges; je viens de charger l'exempt de parler de ma part aux comédiens et de se concerter avec eux pour prendre de très bonne heure de justes précautions, pour ne point laisser entrer plus de monde qu'il n'en faut au théâtre.

Quant à l'endroit de votre pièce où le censeur a retranché quelques vers, je parleray aux comédiens pour tâcher d'arranger les choses à votre satisfaction. Au surplus elle doit être remplie par le succès qu'elle a eüe. Recevez en mon compliment, que je vous fais de tout cœur. Il y a longtemps que vous êtes accoutumé aux applaudissements, et je me suis toujours fait un plaisir de les prévenir dans le public. C'est avec ces sentiments qui vous sont dus et le plus sincère attachement que je suis M. &c.