Ma chère enfant, mandez moy combien vous serez de bayeuses pour voir la seconde fête, qui sera plus belle que la première.
Le roy a été très content de la première représentation et c'est luy même qui en a demandé une seconde. J'ay à tout hazard demandé cinq billets, c'est baucoup par ce qu'il y aura un rang de loges de moins. Et si vous me demandez pourquoy ce rang de moins, c'est que la salle a été changée pour le bal paré. Tout cela fait le plus beau coup d'œil que vous puissiez imaginer. Les fêtes de Louis 14 n'étoient pas si belles. Je n'ay pu revenir à Paris. J'ay donné mes soins à bien des bagatelles nécessaires. Je suis très satisfait et il ne me manque que vous. Tâchez d'amener madame de Fontaine et me Dosseure. Il faudra être à Versailles à trois heures après midy samedy prochain. Vous ferez avancer votre carosse dans la cour des princes. Je vous enverray samedy matin un petit laquais gros comme le poing qui vous conduira au trou où je demeure, je vous rendray vos diamans, je vous mèneray à la salle et je vous placeray. Je vous embrasse tendrement. Bonjour.
ce jeudy matin [2 décembre 1745]
Réponse au châtau à l'apartement de M. le duc de la Valiere.