à Orléans ce 30 9bre 1742
Un inconnu, Monsieur, qui ne l'est sans doutte pas pour vous, mais qui s'intéressant à vos amusemens m'a permis d'y prendre part, m'a adressé la tragédie de Mahomet et la Brochure que J'ai L'honneur de vous envoier.
Je me garderai de vous dire mon sentiment sur la Tragédie, je Respecte trop Voltaire et ses partisans pour me broüiller avec eux, mais la brochure m'a fait rire, et je suis seulement fâché que son auteur n'ait pas tiré de son sujet tout le parti qu'il pouvoit. C'est domage que ce ne soit qu'un ouvrage croqué, et s'il étoit permis à de foibles mortels comme moy d'en dire mon avis Je trouverois Les huit vers de Lanoüe frapés à un coin plus sûr et plus vrai; vous les sçavéz sans doutte, et c'est une ridiculité à moy de vous les envoier, mais qu'importe, on est souvent désœuvré à la Campagne, et on y répête plus d'une fois la même Chose. Ne vouléz vous donc pas la quitter cette Campagne? et ne craignéz vous pas d'y être aussi bloqués qu'à Prague? Il est temps en vérité de retourner dans Les Villes, et nous espérons que sur la Routte vous voudrés vous bien nous donner icy quelque séjour. Les Chevaux qui vous auront tiré des boües en auront besoin pour se reposer.
J'ai L'honneur d'être avec beaucoup de Respect Monsieur Votre très humble et très obéissant serviteur
Pajot
Vous sçavés la Chûte de la tragédie de Varvick. L'auteur n'a pas voulu depuis Longtemps suivre mes avis en cela ny dans d'autres points plus importans de sa Conduitte.