Leipsick [probablement 2 octobre 1852].
Ma chère Marie, Je suis arrivé ce matin à 6 heures.
J'allais partir pour Schônebeck1, où je devais trouver, d'après le fabricant de Prague, -une grande production d'acide tartrique. Un industriel de Leipsick qui connaît beaucoup la fabrique de Schônebeck m'assure qu'on n'y a Jamais fait d'acide tartrique.
J'ai en ce moment visité toutes les fabriques d'Allemagne et le problème est presque tout à fait résolu.
Je puis donc enfin me diriger du côté de la France. J'en ai besoin. Je suis très fatigué. Je partirai ce soir pour Francfort; malheureusement il n'y a encore aucun train qui aille Jusque-là sans une nuit d'arrêt soit à Erfurt soit à Eisenach 2. Je n'ai reçu qu'une lettre de toi. M. Erdmann en a expédié une à Venise. Tu me donnes des nouvelles qui me chagrinent beaucoup. D'une part celles de la santé de Madame Laurent et d'autre part celles des reproches de mon père. Si notre position ne se décide pas à la convenance de tout le monde, je sais qui sera accusé.
Ecris-moi à Strasbourg sous l'adresse de M. Lelièvre.
J'irai loger à l'Hôtel de la Fleur où je suis descendu la première fois que j'ai touché le sol de cette ville. Et dire que le jour où nous le quittons, Chappuis y arrive! Je ne sais pourquoi il me semble que je lui écrirai plus souvent par cela même qu'il habitera cette ville. A Dijon, je travaillerai moins qu'à Strasbourg, je te le promets. Car je pense que tu seras bien seule et je doute fort que nous y fassions des connaissances intimes. Cela n'est pas dans notre caractère a tous deux.
Adieu. Je t'embrasse bien tendrement avec nos enfants et toute la famille.
Tout à toi.
L. PASTEUR.