[Août 1852.] Mon cher papa, Mon travail a été parfaitement accueilli. Je puis te dire même qu'il a fait sensation parmi les savants. On m'en a fait beaucoup de compliments, excepté quelques personnes qui trouvent probablement que je commence à compter un peu trop. Ainsi croirais-tu que le lendemain j'ai vu un chimiste, professeur à Paris, qui, je le savais d'autre part, était venu à la séance dans le seul but d'entendre ma lecture, croirais-tu que ce chimiste ne m'en a pas dit le plus petit mot. Alors je me suis rappelé ce que la veille même m'avait dit M. Biot : A l'Institut quand un confrère fait une communication et que personne ne lui en parle ultérieurement, c'est que ce qu'il a trouvé est bon. S'ils y reviennent et surtout par critique c'est que c'est très bonM. de Senarmont fera le rapport1. Il est en ce moment a Vichy. Les autres commissaires sont MM. Dumas et BiotQuant à ma position je ne sais toujours rien. M. Dumas a dit que ma position telle qu'elle est actuellement à Strasbourg allait cesser. Et il a parlé deux fois à M. Biot en termes tels que M. Biot est persuadé qu'il a en vue quelque chose pour moi mais qu'il ne peut encore en parler.
Tous les premiers chimistes étaient à l'Académie le jour de ma lecture : MM. Dumas, Thenard, Pelouze, Regnault, Balard. Il y avait aussi les quatre ou cinq chimistes de Paris plus ou moins voisins de l'Institut. Ce sont ceux-la dont je te parlais plus haut.
Marie et les enfants vont très bien. Mais tous ces jours derniers et depuis notre arrivée il y a eu des malades. Marie a eu une indigestion. Baptiste a eu des coliques et Jeanne également. Mais cela tient à ce que quatre de ses dens percent ensemble. Je suis très occupé pour deux ou trois jours. On m'a chargé de faire [passer] à la Sorbonne des examens de licence pour les élèves de l'Ecole Normale en
remplacement de M. Dumas très occupé au Conseil Supérieur de l'Instruction Publique.
Je suis encore pour quelques jours Hôtel de l'Empereur Joseph, rue de Tournon. Puis j'irai retrouver Marie.
Adieu. Porte-toi bien.
Si Marie et les enfants n'eussent pas été malades nous aurions déjà vu notre cousine.
L. PASTEUR.