1773-09-22, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Louis Claude Marin.

Il n’y a point de nouvelle édition des fragments sur l’Inde.
Celles de Genêve et de Lausanne ne sont pas encor écoulées. Si on en fesait jamais une édition nouvelle il faudrait que ce fût à Paris; et en ce cas, le vieux malade y retravaillerait avec grand plaisir, quoi qu’il soit dans un état bien triste et absolument hors de combat. Il ne doute pas que Monsieur Marin n’ait eu la bonté d’envoier des éxemplaires de la quatrième Lettre à Mr le Comte De Morangiés, et à Mr Linguet. Il pense que cette Lettre doit suffire, et que ce n’est pas à celui qui s’est épuisé en louanges, à prévenir par une Lettre celui qu’il a tant loué, ce serait plutôt au louangé à remercier le louangeur. Il se flatte d’ailleurs que Monsieur Marin a eu la bonté de faire parvenir à Mr De Morangiés un petit billet que le vieux malade mit dans un de ses derniers paquets, vers le 9 ou le 10 de ce mois. C’était une réponse à la Lettre de remerciements que Mr De Morangiés m’avait écrite. Mr Linguet n’a pas eu pour moi la même attention. Je supose toujours que Monsieur Marin a bien voulu faire parvenir à Mr De Morangiés cette quatrième Lettre à messieurs de la noblesse du Gévaudan.

Plus n’en sait le pauvre malade. Il jette au cou de Monsieur Marin ses deux bras languissants et décharnés.