1765-02-08, de Voltaire [François Marie Arouet] à Étienne Noël Damilaville.

Mon cher frère, ce n'est pas moi qui suis marié, c'est Gabriel Cramer.
Il a une femme qui a beaucoup d'esprit, et qui a été enchantée de la destruction. Ma nièce a beaucoup d'esprit aussi, mais elle n'en a rien lu.

Voilà ce qu'Archimède Protagoras peut savoir.

Un de mes amis de Franche Comté, vous envoia un gros paquet il y a quelques semaines; j'ignore si c'est pour son vingtième; mais je vois que vous n'avez point reçu le paquet. J'ai peur qu'il n'y ait des esprits malins qui se plaisent à troubler le commerce des pauvres mortels.

Ne soiez point étonné, mon cher frère, que je quitte ma maison de campagne dans le païs Genevois. Je suis vieux, je n'ai qu'un corps, je ne peux plus avoir deux maisons. Je passe la moitié de mon temps dans mon lit, et ce n'est pas la peine d'en changer. Je n'aime pas d'ailleurs à me mêler des affaires de la parvulissime. J'ai renoncé aux vanités du monde.

J'ai perdu la Lettre de Mr Héron dans une multitude immense de paperasses. Je lui écris, car il ne faut pas manquer à ses devoirs.

Voicy de petits vers que vous ne connaissez peut être pas. Je souhaitte qu'ils vous amusent.

Je m'aperçois que je dois une Lettre à Mr Dumolard, la voilà donc. Ce n'est guères qu'avec vous, mon cher frère, que je ne suis point paresseux. Ecr: L'inf: