1764-12-25, de Voltaire [François Marie Arouet] à Gabriel Cramer.

Mon très aimable Caro, vous vous souvenez que quand Luc me mordit la jambe, je déclarai que c'était moi que étais dans mon tort. Je dois la même justice à Collete. Nous étions occupés Wagnière et moi à rembourer nôtre coussin, et nous avions abandonné les rênes, Collete rencontra une borne, elle fit passer le cabriolet par dessus, nous tombâmes les uns sur les autres, c'est à dire, Wagnière, Collete, le cabriolet et moi; nous nous relevâmes comme nous pûmes; Collette me demanda mille pardons, me fit les plus charmantes mines du monde, et nous continuâmes nôtre promenade fort guaiment.

Je vous remercie tendrement, mon cher Caro, de l'intérêt que vous voulez bien prendre au cocher, et de l'envoi que vous faittes à Mr le prince Galitzin.

Quant à la Lettre de change sur Mr le comte de Lauraguais, je crois qu'il faudrait s'adresser chez lui à son homme d'affaires.

Est-il bien vrai qu'on réponde aux Lettres de la campagne?

Mille tendre amitiés à toute vôtre famille.