1763-01-20, de Voltaire [François Marie Arouet] à Gabriel Cramer.

En lisant les feuilles du volume des additions, je vois qu'on a fidèlement copié toutes les fautes de la première Edition de l'histoire, c'est ainsi qu'on en a usé quand on a réimprimé quelques Tragédies.
Je ne conçois pas Comment les personnes que Monsieur Cramer employe ont pu avoir tant de négligence ou si peu de discernement.

Voicy par ex: la page 324 du volume des additions feuille X, ligne 5. aussi ces païs ne sont-ils pas aussi peuplés. Il est évident qu'il faut, aussi ces païs ne sont-ils pas assez peuplés.

Je suis trop malade pour faire une Lecture suivie. Mais j'avertis en général, qu'un errata est très nécessaire; parce qu'on ne manquerait pas, un jour, de copier toutes les fautes dans une nouvelle Edition; l'art de la Typographie est un très bel art, par parenthèse, dont personne ne doit rougir, et où tous ceux qui s'y sont une fois livrés, devraient mettre tous leurs soins. Je ne dis pas celà pour Caro, il s'en faut beaucoup, mais Caro ne peut pas tout faire; et un pauvre homme comme moi, chargé de quatre ouvrages considérables, et de maladies, et d'années, est bien embarassé. Je renvoye la feuille R de Nicomède, et je prie qu'on la remanie avec beaucoup d'attention.

J'embrasse Caro.

Il y a beaucoup d'additions toutes prêtes, pour le texte et pour les notes sur la tolérance. Si on veut m'envoyer le manuscrit tout à l'heure, nous arrangerons tout celà, et je renverrai le manuscrit Lundy matin. Ainsi on préviendra les remaniements continuels qu'il faudrait faire à chaque feuille pr y insèrer les nouveaux morceaux qui sont très éssentiels.