Glossaire §

Analysis situs §

L’expression (littéralement : analyse de la situation) vient de Leibniz. Elle intitule un long article de Henri Poincaré paru en 1895 (Journal de l’École Polytechnique, 2e série, 1er cahier, p. 1-123) et désigne une branche de la géométrie ; l’étude de Poincaré est à l’origine de la topologie algébrique.

Chronolyse §

Signifie « l’idée d’analyse par temps indivisibles » (C.XVI.323) ou « une analyse de la production mentale comme divisée en temps entiers » (C.XXIX.239).

Degrés de symétrie (ou ordres de symétrie) §

Chez le jeune Valéry, les « degrés de symétrie » renvoient à la complexité d’une organisation et distinguent l’artefact de l’objet naturel : « Une feuille semble moins complexe que son arbre puisque l’arbre unit aux feuilles des racines, des fleurs, du bois. Je supposai que tous ces corps naturels et leurs parties pouvaient recevoir chacun une sorte de nombre qui marquât son degré propre de complexité. J’appelai ce nombre : degré de symétrie. Je posai alors que tout être naturel était nécessairement d’un degré plus élevé que chacune de ses parties » (C.V.827).

Équipollent §

Synonyme d’équivalent.

Explicandes §

Choses qui doivent être expliquées.

Implexe §

Valéry note en 1941 : « J’appelle Implexe, l’ensemble de tout ce que quelque circonstance que ce soit peut tirer de nous » (C.XXIV.478), mais il s’agit le plus souvent des réactions potentielles de l’individu et de la variation constante des idées. La notion d’implexe est longuement évoquée dans L’Idée fixe.

Langage-self §

Langage de soi, c’est-à-dire le langage que Valéry se définit pour lui-même, par opposition au langage de tous qu’il appelle parfois le démotique.

Moi pur §

Le moi pur, parfois comparé à zéro, est l’invariant de la personnalité. « Le “Moi pur” est le zéro — qui n’est pas rien. Il veut dire : rien — mais en tant que signe, il a son rôle » (C.XXI.62). Dans « Note et digression », Valéry dit de Léonard de Vinci : « Ce n’est pas sa chère personne qu’il élève à ce haut degré, puisqu’il la renonce en y pensant, et qu’il la substitue dans la place du sujet par ce moi inqualifiable, qui n’a pas de nom, qui n’a pas d’histoire, qui n’est pas plus sensible, ni moins réel que le centre de masse d’une bague ou d’un système planétaire, — mais qui résulte de tout, quel que soit le tout… » (Œ.I.857 sq.).

N + S : nombres plus subtils §

« Sous le nom secret de Nombres plus Subtils “(N + S)”, j’entendais ceci : qu’il y avait une attitude mentale centrale qui [rendait compte] des échanges entre objets de la connaissance les plus différents — les temps, par exemple, et les choses, pouvant s’échanger — étant des éléments d’une certaine équivalence » (C.XIII.823). Cette définition date de 1929.

Phase §

Autour de 1900, Valéry emprunte la notion de « phase » au physicien américain Josiah Gibbs (1839-1903). La règle des phases donne la variance d’un système thermodynamique à l’équilibre et Valéry notera en 1943 que c’était son « analogie favorite en 190.. » (C.XXVII.740). « Ma vieille théorie des “phases” était bonne, féconde, consistait à observer que les possibles d’un individu différaient selon les moments » (C.XIII.331).

PPA : Petit Poème Abstrait §

C’est en 1917 qu’apparaît, au pluriel et en toutes lettres, l’expression de Petit Poème Abstrait (C.VI.477), et si le sigle figure pour la première fois en 1899 et se trouve dans d’autres Cahiers antérieurs à 1917, il y a été ajouté à la relecture. Valéry ne définit nulle part le PPA, mais, au commencement, il l’a sans doute envisagé comme un mode d’écriture qui exprimerait au plus près l’univers intérieur de l’Esprit. Néanmoins, certains textes marqués du sigle PPA ne sont pas des poèmes, et l’abstraction des assez nombreux PPA que l’on peut identifier comme de véritables poèmes est difficile à circonscrire.

Self-consciousness §

Conscience de soi (notion que Valéry attribue à Poe).

Self-variance §

« La loi fondamentale de l’esprit m’apparut en 92 ou 93 comme impossibilité de fixation. J’ai donné le nom anglo-latin de Self-variance à cette remarquable caractéristique. La conscience est sans repos » (C.XVI.437). On trouve aussi, pour désigner cette instabilité de l’esprit, des expressions équivalentes comme « la variation propre des faits mentaux » (C.III.634).

SP : secret de la prose §

À partir de 1917, Valéry réfléchit parfois à la possibilité d’une autre prose, plus rigoureusement et musicalement composée que la prose à laquelle il reproche son absence de construction.

Trois lois ou 3 Lois §

Le formel, le significatif et l’accidentel. « Ce que j’appelle formel représente la conscience comme un espace » ; « Ce que j’appelle significatif = les déterminations ou figures de cet espace. / Il s’agit de trouver leurs relations fondamentales » (C.III.633).