PROLOGUE. §
TRENTE Lustres qui éclairent la Salle de l’Assemblée se haussent pour laisser la vue du spectacle libre dans le moment que la Toile qui ferme le Théâtre se lève. La Scène représente sur le devant des lieux Champêtres. Un peu plus loin paraît un Port de Mer fortifié [en marge : Le Théâtre est un Port de Mer.] de plusieurs Tours ; dans l’enfoncement on voit un grand nombre de Vaisseaux d’un côté, et de l’autre, une Ville d’une très vaste étendue.
Flore est au milieu du Théâtre, suivie de ses Nymphes, et accompagnée à droite et à gauche de Vertumne, Dieu des Arbres et des Fruits, et de Palæmon, Dieu des Eaux. Chacun de ces Dieux conduit une Troupe de Divinités ; l’Un mène à sa suite des Dryades et des Sylvains, et l’Autre des Dieux de Fleuves et des Naïades.
Une grande Machine descend du Ciel au milieu de deux autres plus petites. [en marge : Machines de Vénus, de l’Amour et des Grâces.] Elles sont toutes trois enveloppées d’abord dans des Nuages, qui en descendant, roulent, s’ouvrent, s’étendent, et occupent enfin toute la largeur du Théâtre. On découvre une des Grâces dans chacune des petites Machines, et la plus grande est occupée par Vénus et par son Fils, environnés de six Amours. Aussitôt que Flore aperçoit Vénus, elle la presse de venir achever par ses charmes les douceurs que la Paix a commencé de faire goûter sur la Terre, et par un Récit qu’elle chante, elle témoigne l’impatience qu’elle a de profiter du retour de la plus aimable des Déesses, et qui préside à la plus belle des Saisons.
-
Flore.
Mademoiselle Hylaire.
-
Nymphes de Flore qui chantent.
Madlle Des-Fronteaux,
Messieurs Gingan cadet, Langeais, Gillet, Oudot, et Jannot.
-
Vertumne.
Monsieur de la Grille.
-
Palæmon.
Monsieur Gaye.
-
Suite de Vertumne, et de Palæmon.
Sylvains. Messieurs le Gros, Hedoüin, Beaumont, Fernon l’aîné, Fernon le cadet, Rebel, Serignan, et le Maire.
-
Fleuves.
Messieurs Bony, Estival, Dom, Gingan l’aîné, Morel, Deschamps, Bernard,
Rossignol, Bomaviel, et Miracle.
-
Naïades.
Les Sieurs Thierry, la Montagne, Mathieu, Perchot, Pierrot, et Renier.
DANSEURS. §
-
Quatre Dryades.
Messieurs Chicanneau, la Pierre, Favier, et Magny.
-
Quatre Fleuves.
Messieurs Beauchamp, Mayeu, Desbrosses, et S. André cadet.
-
Quatre Naïades.
Messieurs Lestang, Arnal, Favier cadet, et Foignard cadet.
-
Vénus.
Mademoiselle de Brie.
-
L’Amour.
La Thorillière le fils.
-
Six Amours.
Thorillon, Baraillon, Pierre Lionnois, Maugé, Dauphin, et du Chesne.
-
Deux Grâces.
Mesdlle La Thorillière, et de Croisy.
RÉCIT DE FLORE.
Chanté par Mademoiselle Hylaire.
Ce n’est plus le temps de la Guerre ;
Le plus puissant des Rois
Interrompt ses Exploits
Pour donner la Paix à la Terre :
5 Descendez, Mère des Amours,
Venez nous donner de beaux jours.
Les Nymphes de Flore, Vertumne et Palæmon, avec les Divinités qui les accompagnent, joignent leurs voix à celle de Flore pour presser Vénus de descendre sur la Terre.
CHŒUR Des Divinités, de la Terre et des Eaux.
Nous goûtons une Paix profonde ;
Les plus doux Jeux sont ici bas ;
On doit ce repos plein d’appas
10 Au plus grand ROI du Monde :
Venez nous donner de beaux jours.
Vertumne et Palæmon font en chantant une manière de Dialogue pour exciter les plus insensibles à cesser de l’être à la vue de Vénus et de l’Amour. Les Dryades, les Sylvains, les Dieux des Fleuves, et les Naïades expriment en même temps par leurs danses la joie que leur inspire la présence de ces deux charmantes Divinités.
DIALOGUE
De Vertumne et de Palæmon.
Chanté par Messieurs de la Grille et Gaye.
VERTUMNE.
Rendez-vous, Beautés cruelles,
Soupirez à votre tour :
PALÆMON.
Voici la Reine des Belles
15 Qui vient inspirer l’amour.
VERTUMNE.
Un bel Objet toujours sévère
Ne se fait jamais bien aimer.
PALÆMON.
C’est la beauté qui commence de plaire,
Mais la douceur achève de charmer.
Ils répètent ensemble ces derniers Vers.
20 C’est la beauté qui commence de plaire,
Mais la douceur achève de charmer.
VERTUMNE.
Souffrons tous qu’Amour nous blesse ;
Languissons, puisqu’il le faut ;
PALÆMON.
Que sert un cœur sans tendresse ;
25 Est-il un plus grand défaut ?
VERTUMNE.
Un bel Objet toujours sévère
Ne se fait jamais bien aimer.
PALÆMON.
C’est la beauté qui commence de plaire,
Mais la prudence achève de charmer.
Flore répond au Dialogue de Vertumne et de Palæmon, par un Menuet qu’elle chante : Elle fait entendre que l’on ne doit pas perdre le temps des Plaisirs ; et que c’est une folie à la Jeunesse d’être sans amour. Les Divinités qui suivent Vertumne et Palæmon, mêlent leurs danses au chant de Flore, et chacun fait connaître son empressement à contribuer à la réjouissance générale.
MENUET DE FLORE.
Chanté par Mademoiselle Hylaire.
30 Est-on sage
Dans le bel âge ?
Est-on sage
De n’aimer pas ?
Que sans cesse
35 L’on se presse
De goûter les plaisirs ici bas ;
La sagesse
De la jeunesse
C’est de savoir jouir de ses appas.
40 L’Amour charme
Ceux qu’il désarme,
L’Amour charme,
Cédons lui tous :
Notre peine
45 Serait vaine
De vouloir résister à ses coups :
Quelque chaîne
Qu’un Amant prenne,
La Liberté n’a rien qui soit si doux.
Les Divinités de la Terre et des Eaux, voyant approcher Vénus, recommencent de joindre toutes leurs voix, et continuent par leurs Danses de lui témoigner le plaisir qu’elles ressentent à son abord, et la douce espérance dont on retour les flatte.
CHŒUR De toutes les Divinités de la Terre et des Eaux.
50 Nous Goûtons une Paix profonde ;
Les plus doux Jeux sont ici bas ;
On doit ce repos plein d’appas
Au plus grand ROI du Monde.
Descendez Mère des Amours,
55 Venez nous donner de beaux Jours.
Vénus descend avec son fils et les Grâces, Elle ne peut dissimuler la confusion qu’elle a des honneurs que l’on rend à la beauté de Psyché, au mépris de la sienne : Elle oblige les Divinités qui se réjouissent de son retour sur la Terre, de la laisser seule avec l’Amour. Elle lui exagère son dépit, et l’ayant conjuré de la venger, elle se va cacher aux yeux de tout le Monde, en attendant le succès de sa vengeance. L’Amour part du bord du Théâtre, et après avoir fait un tour en l’air en volant, il se va perdre dans les Nues.
PREMIER INTERMÈDE. §
La Scène change en des Rochers affreux, [en marge : Le Théâtre est un Désert.] et fait voir en éloignement une effroyable Solitude.
C’est dans ce Désert que Psyché doit être exposée pour obéir à l’Oracle. Une Troupe de Personnes affligées y viennent déplorer sa disgrâce. Une Partie de cette Troupe désolée témoigne sa pitié par des Plaintes touchantes, et par des Concerts lugubres, et l’Autre exprime sa désolation par toutes les marques du plus violent désespoir.
-
Femme désolée, qui plaint le malheur de Psyché.
Mademoiselle Hylaire.
-
Hommes affligés, qui plaignent sa disgrâce.
Messieurs Morel, et Langeais.
-
Dix Flûtes.
Les Sieurs Philebert, Descouteaux, Piesche le fils, Nicolas, Louis, Martin, et Colin Hottère, Fossart, du Clos, et Boutet.
PLAINTES EN ITALIEN
Chantée par Mademoiselle Hylaire, Messieurs Morel, et Langeais.
Mademoiselle Hylaire.
Deh piagete al pianto mio
Sassi duri, antiche selve,
Lagrimate fonti, e belve
D’un bel volto il fato rio.
M. Langeais.
60 Ahi dolore !
M. Langeais.
Cruda morte !
TOUS TROIS.
Che condanni à morir tanto beltà.
65 Cieli, stelle, ahi crudeltà.
IMITATION EN VERS FRANÇAIS
DES PLAINTES EN ITALIEN,
Chantées par Mademoiselle Hylaire, Messieurs Morel, et Langeais.
Mademoiselle Hylaire.
Mêlez vos pleurs avec mes larmes,
Durs Rochers, froides Eaux, et vous Tigres affreux,
Pleurez le destin rigoureux
D’un Objet dont le crime est d’avoir trop de charmes.
M. Langeais.
70 Ô Dieux ! quelle douleur !
M. Morel.
Ah ! quel malheur !
M. Langeais.
Rigueur mortelle !
M. Morel.
Fatalité cruelle !
TOUS TROIS.
Faut-il, hélas !
75 Qu’un Sort barbare
Puisse condamner au trépas
Une Beauté si rare !
Cieux ! Astres pleins de dureté !
Ah ! quelle cruauté !
Mademoiselle Hylaire.
80 Rispondete à miei lamenti
Antri cavi, ascose rupi,
Deh ridite fondi cupi
Del mio duolo i mesti accenti.
M. Langeais.
Ahi dolore, etc.
M. Morel.
85 Com’esser può fra voi, ò Numi eterni,
Chi volgia estinta una beltà innocente,
Ahi che tanto rigor, Cielo inclemente,
Vince di crudeltà gli stessi inferni.
Ensemble.
Perche tanto rigor
Contro innocente cor.
Ahi sentenza inudita,
Dar morte à la Beltà, ch’altrui da vita.
Mademoiselle Hylaire.
95 Répondez à ma plainte, Échos de ces Bocages,
Qu’un bruit lugubre éclate au fond de ces Forêts :
Que les Antres profonds, les Cavernes sauvages,
Répètent les accents de mes tristes regrets.
M. Langeais.
Ô Dieux quelle douleur ! etc.
M. Morel.
100 Que de Vous, ô grands Dieux ! avec tant de furie,
Veut détruire tant de Beauté ?
Impitoyable Ciel ! par cette barbarie
Voulez-vous surmonter l’Enfer en cruauté ?
M. Langeais.
Dieu plein de haine !
M. Morel.
105 Divinité trop inhumaine !
Ensemble.
Pourquoi ce courroux si puissant
Contre un Cœur innocent ?
Ô rigueur inouïe !
Trancher de si beaux Jours !
110 Lorsqu’ils donnent la vie
À tant d’Amours !
ENTRÉE D’HOMMES AFFLIGÉS, ET DE FEMMES DÉSOLÉES.
-
Hommes.
Messieurs Dolivet, le Chantre, S. André l’aîné, et S. André le cadet, la Montagne, et Foignard l’aîné.
-
Femmes.
Messieurs Bonard, Joubert, Dolivet le fils, Isaac, Vaignard l’aîné, et Girard.
CONTINUATION DES PLAINTES.
Mademoiselle Hylaires.
Ahi ch’indarno si tarda,
Non resiste a li Dei, mortale affetto,
Alto impero ne sforza,
115 Ove commanda il Ciel, l’Uom cede à forza.
Mademoiselle Hylaire.
Que c’est un vain secours, contre un mal sans remède,
Que d’inutiles pleurs, et des cris superflus !
Quand le Ciel a donné des Ordres absolus,
120 Il faut que l’effort humain cède.
TROISIÈME INTERMÈDE. §
De Petits Zéphirs sont invités à se mêler dans les doux Jeux des Amours par des Chansons qu’un Zéphire et deux petits Amours chantent, et tous ensemble s’efforcent par leurs Chants et par leurs Danses de contribuer aux Divertissements que l’Amour veut donner à Psyché.
-
Zéphire qui chante.
Jannot.
-
Deux Amours chantant.
Renier, et Pierrot.
-
Huit Zéphirs dansant.
Messieurs Bouteville, Des-Airs, Artus, Vaignard cadet, Germain, Pécourt, du Mirail, et Lestang le jeune.
-
Huit Amours dansant.
Le Chevalier Pol, Messieurs Boüillant, Thibaut, la Montagne, Dolivet fils, Daluseau, Vitrou, et la Thorillière.
CHANSON DU ZÉPHIR.
Aimable Jeunesse,
140 Suivez la Tendresse,
Joignez aux beaux Jours
La douceur des Amours :
C’est pour Vous surprendre
Qu’on Vous fait entendre
145 Qu’il faut éviter leurs soupirs,
Et craindre leurs désirs ;
Laissez-Vous apprendre
Quels sont leurs plaisirs.
DIALOGUE DES DEUX AMOURS.
ILS CHANTENT ENSEMBLE.
Chacun est obligé d’aimer
150 À son tour,
Et plus on a de quoi charmer,
Plus on doit à l’Amour.
Un Amour chante seul.
Un Cœur jeune et tendre
155 Est fait pour se rendre,
Il n’a point à prendre
De fâcheux détour.
Les deux Amours chantent ensemble.
Chacun est obligé d’aimer
À son tour,
160 Et plus on a de quoi charmer,
Plus on doit à l’Amour.
Le second Amour chante seul.
Pourquoi se défendre ?
Que sert-il d’attendre ?
Quand on perd un jour,
165 On le perd sans retour.
Les deux Amours ensemble.
Chacun est obligé d’aimer
À son tour,
Et plus on a de quoi charmer,
Plus on doit à l’Amour.
SECOND COUPLET DE LA CHANSON
du Zéphir.
170 L’Amour a des charmes,
Rendons lui les armes :
Ses soins et ses pleurs
Ne sont pas sans douceurs :
Un Cœur pour le suivre
175 À cent maux se livre,
Il faut pour goûter ses appas
Languir jusqu’au trépas,
Mais c’est ne pas vivre
Que de n’aimer pas.
Second couplet du Dialogue des deux Amours.
180 S’il faut des soins, et des travaux,
En aimant,
On est payé de mille maux
Par un heureux moment.
Un Amour seul.
On craint, on espère,
185 Il faut du mystère ;
Mais on n’obtient guère
De bien sans tourment.
Les deux Amours ensemble.
S’il faut des soins, et des travaux,
En aimant,
190 On est payé de milleux maux
Par un heureux moment.
Le second Amour seul.
Que peut-on mieux faire
Qu’aimer et que plaire ?
C’est un soin charmant
195 Que l’emploi d’un Amant.
Les deux Amours ensemble.
S’il faut des soins, et des travaux,
En aimant,
On est payé de mille maux
Par un heureux moment.
DERNIER INTERMÈDE. §
Le Théâtre se change et représente le Ciel. Le grand Palais de Jupiter descend, [en marge : Le Théâtre est tout Ciel.] et laisse voir dans l’éloignement, par trois suites de Perspective les autres Palais des Dieux du Ciel les plus puissants ; un Nuage sort du Théâtre, sur lequel l’Amour et Psyché se placent, et sont enlevés par un second Nuage, qui vient en descendant se joindre au premier. Une Troupe de petits Amours vient dans cinq Machines, dont les mouvements sont tous différents, pour témoigner leur joie au Dieu des Amours : Et dans le même temps Jupiter et Vénus se croisent en l’Air, et se rangent près de l’Amour, et de Psyché.
Les Divinités des Cieux, qui avaient été partagées entre Vénus et son Fils se réunissent en les voyant d’accord ; Elle paraissent au nombre de trois cents sur des Nuages, dont tout le Théâtre est rempli, et Toutes ensemble par des Concerts, des Chants, et des Danses célèbrent la Fêtes des Noces de l’Amour.
Apollon conduit les Muses, et les Arts ; Bacchius est accompagné de Silène, des Ægipans, et des Ménades : Mome, Dieu de la Raillerie, mène après lui une troupe enjouée de Polichinelles, et de Matassins ; et Mars paraît à la tête d’une Troupe de Guerriers suivis de Timbales, de Tambours, et de Trompettes.
Apollon Dieu de l’Harmonie commence le premier à chanter, pour inviter les Dieux à se réjouir.
RÉCIT D’APOLLON.
Chanté par Monsieur Langeais.
200 Unissons-Nous, Troupe immortelle ;
Le Dieu d’Amour devient heureux Amant,
Et Vénus a repris sa douceur naturelle
En faveur d’un Fils si charmant :
Il va goûter en paix après un long tourment,
205 Une félicité qui doit être éternelle.
Toutes les Divinités célestes chantent ensemble
CHŒUR DES DIVINITÉS CÉLESTES.
Célébrons ce grand Jour ;
Célébrons tous une Fête si belle :
Que nos Chants en tous lieux en portent la nouvelle ;
Qu’ils fassent retentir le céleste séjour :
210 Chantons, répétons, tour à tour,
Qu’il n’est point d’Âme si cruelle
Qui tôt ou tard ne se rende à l’Amour.
Bacchus fait entendre qu’il n’est pas si dangereux que l’Amour.
RÉCIT DE BACCHUS.
Chanté par Monsieur Gaye.
Si quelquefois,
Suivant nos douces Lois,
215 La Raison se perd et s’oublie,
Ce que le vin nous cause en un jour ;
Mais quand un Cœur est enivré d’Amour,
Souvent, c’est pour toute la vie.
Mome déclare qu’il n’a point de plus doux emploi que de médire, et que ce n’est qu’à l’Amour seul qu’il n’ose se jouer.
RÉCIT DE MOME.
Chanté par Monsieur Morel.
Je cherche à médire
220 Sur la Terre, et dans les Cieux ;
Je soumets à ma Satire
Les plus grands des Dieux.
Il n’est dans l’Univers que l’Amour qui m’étonne,
Il est le Seul que j’épargne aujourd’hui ;
225 Il n’appartient qu’à Lui
De n’épargner personne.
Mars avoue que malgré toute sa valeur, il n’a pu s’empêcher de céder à l’Amour.
RÉCIT DE MARS.
Chanté par Monsieur Estival.
Mes plus fiers Ennemis vaincus ou pleins d’effroi
Ont vu toujours ma Valeur triomphante
L’Amour est le Seul qui se vante
230 D’avoir pu triompher de Moi.
Tous les Dieux du Ciel unissent leurs voix, et engagent les Timbales et les Trompettes à répondre à leurs Chants, et à se mêler avec leurs plus doux Concerts.
Chœur des Dieux, où se mêlent les Trompettes et les Timbales.
Chantons les plaisirs charmants
Des heureux Amants.
Répondez-nous Trompettes,
Timbales, et Tambours
235 Accordez-nous toujours
Avec le doux son des Musettes,
Accordez-vous toujours
Avec le doux chant des Amours.
ENTRÉE DE LA SUITE
D’APOLLON.
Suite d’Apollon.
-
Les neufs Muses.
Mademoiselle Hylaire, Mademoiselle Des-Fronteaux, Mesdemoilles Piesches sœurs, Messieurs Gillet, Oudot, Henry Hylaire, Descouteaux, et Piesche cadet.
-
Concertants.
Messieurs Chaudron père, Piesche l’aîné, Marchand, Laquaisse cadet, Clerambaut, le Doux, Pesan, Gervais, Camille, Henry, Verdier, Bernard, Mercier, Chevallier, Desnoyer, Edme Verdier, et S. Père.
Les Arts travestis en Bergers Galants pour paraître avec plus d’agrément dans cette Fête, commencent les Premier à danser. Apollon vient joindre une Chanson à leurs Danses, et les sollicite d’oublier les Soins qu’ils ont accoutumé de prendre le jour, pour profiter des Divertissements de cette Nuit bienheureuse.
ARTS TRAVESTIS EN BERGERS Galants.
-
Bergers Galants.
Messieurs Beauchamp, Chicanneau, la Pierre, Favier l’aîné, Magny, Noblet, Desbrosses, Lestang, Foignard l’aîné, et Foignard le cadet.
CHANSON D’APOLLON.
Chantée par M. Langeais.
Le Dieu qui nous engage
240 À lui faire la Cour,
Défend qu’on soit trop sage.
Les Plaisirs ont leur tour,
C’est leur plus doux usage
Que de finir les soins du Jour ;
245 La Nuit est le partage
Des Jeux, et de l’Amour.
Ce serait grand dommage
Qu’en ce charmant Séjour
On eut un Cœur sauvage.
250 Les Plaisirs ont eu leur tour,
C’est leur plus doux usage,
Que de finir les soins du Jour ;
La Nuit est le partage
Des Jeux, et de l’Amour.
Au milieu de l’Entrée de la Suite d’Apollon deux des Muses qui ont toujours évité de s’engager sous les Lois de l’Amour, conseillent aux Belles, qui n’ont point encore aimé, de s’en défendre avec soin à leur exemple.
CHANSON DES MUSES.
Chantée par Mademoiselle Hylaire, et par Mademoiselle Deffronteaux.
255 Gardez-vous, Beautés sévères,
Les Amours font trop d’affaires,
Craignez toujours de vous laisser charmer :
Quand il faut que l’on soupire,
Tout le mal n’est pas de s’enflammer :
260 Le martyre
De le dire,
Coûte plus cent fois que d’aimer.
SECOND COUPLET DES MUSES.
On ne peut aimer sans peines,
Il est peu de douces chaînes,
265 À tout moment on se sent alarmer ;
Quand il faut que l’on soupire,
Tout le mal n’est pas de s’enflammer ;
Le martyre
De le dire.
270 Coûte plus cent fois que d’aimer.
ENTRÉE DE LA SUITE
DE BACCHUS.
Suite de Bacchus.
-
Concertants.
Messieurs de la Grille, le Gros, Gingan l’aîné, Bernard, Rossignol, la Forest, Miracle cadet, Renier, et Jannot.
-
Violons.
Messieurs du Manoir père et fils, Balus père et fils, Chaudron fils, le Peintre, Lique, le Roux, le Grais, Varin, Joubert, Rafié, Des-Matins, Leger, l’Espine, et le Roux cadet.
-
Bassons.
Les Sieurs Collin Hottere, et Philidor.
-
Hautbois.
Les Sieurs du Clos, du Chot, et Philidor cadet.
Les Ménades et les Égipans viennent danser à leur tour. Bacchus s’avance au milieu d’Eux, et chante une Chanson à la louange du Vin.
-
Six Ménades.
Messieurs Isaac, Paysan, Joubert, Dolivet fils, Breteau, et Des-Forges.
-
Six Égipans.
Messieurs Eydieu, Dolivet, le Chantre, Ariar, S. André l’aîné, et S. André le cadet.
CHANSON DE BACCHUS.
Chantée par Monsieur Gaye.
Admirons le Jus de la Treille :
Qu’il est puissant ! qu’il a d’attraits !
Il sert aux douceurs de la Paix,
Et dans la Guerre, il fait merveille :
275 Mais surtout pour les Amours,
Le Vin est d’un grand secours.
Silène Nourricier de Bacchus paraît monté sur son Âne. Il chante une Chanson qui fait connaître les avantages que l’on trouve à suivre les Lois du Dieu du Vin.
CHANSON DE SILÈNE.
Chantée par Monsieur Blondel.
Bacchus veut qu’on boive à longs traits ;
On ne se plaint jamais
Sous son heureux Empire :
280 Tout le jour on n’y fait que rire,
Et la nuit on y dort en paix.
SECOND COUPLET.
Ce Dieu rend nos vœux satisfaits ;
Que sa Cour a d’attraits !
Chantons y bien sa gloire :
285 Tout le jour on n’y fait que boire,
Et la nuit on y dort en paix.
Deux Satyres se joignent à Silène, et tous trois chantent ensemble un Trio à la louange de Bacchus, et des douceurs de son Empire.
-
Trio de Silène, et de deux Satyres.
Messieurs Blondel, de la Grille et Bernard.
Voulez-vous des douceurs parfaites ?
Ne les cherchez qu’au fond des Pots.
Un Satyre.
Les Grandeurs sont sujettes
290 À cent peines secrètes.
Second Satyre.
L’Amour fait perdre le repose.
Tous ensemble.
Voulez-vous des douceurs parfaites ?
Ne les cherchez qu’au fond des Pots.
Un Satyre.
C’est là que sont les Ris, les Jeux, les Chansonnettes.
Second Satyre.
295 C’est dans le Vin qu’on trouve les bons mots.
Tous ensemble.
Voulez-vous des douceurs parfaites ?
Ne les cherchez qu’au fonds Pots.
Deux autres Satyres enlèvent Silène de dessus son Âne, qui leur sert à voltiger, et à former des Jeux agréables et surprenants.
-
Deux Satyres Voltigeurs.
Messieurs de Meniglaise, et de Vieux-Amant.
ENTRÉE DE LA SUITE.
DE MOME.
Suite de Mome.
-
Concertants.
Messieurs Dom, Beaumont, Fernon l’aîné, Fernon cadet, Gingan cadet, Deschamps, Horat, la Montagne, et Pierot.
-
Violons.
Les Sieurs Marchand, Laquaisse, Huguenet, Magny, Brouard, Fossard, Huguenet cadet, Destouches, Guenin, Roullé, Charpentier, Ardelet, la Fontaine, Charlot, et Martinot père et fils.
-
Bassons.
Les Sieurs Nicolas, et Martin Hotterre.
-
Hautbois.
Les Sieurs Piesche père, Plumet, et Louis Hotterre.
Une Troupe de Polichinelle et de Matassins vient joindre leurs plaisanteries et leurs badinages aux Divertissements de cette grande Fête. Mome qui les conduit chante au milieu d’Eux une Chanson enjouée sur le sujet des avantages et des plaisirs de la Raillerie.
-
Six Matassins dansant.
Messieurs de Lorge, Bonard, Arnal, Favier cadet, Goyer, et Bureau.
-
Six Polichinelles.
Messieurs Mançeau, Girard, la Valée, Favre, le Fébure, et la Montagne.
CHANSON DE MOME.
Chantée par Monsieur Morel.
Folâtrons, divertissons-Nous,
Raillons, Nous ne saurions mieux faire,
300 La Raillerie est nécessaire
Dans les Jeux les plus doux.
Sans la douceur que l’on goûte à médire,
On trouve peu de plaisirs sans ennui ;
Rien n’est si plaisant que de rire,
305 Quand on rit aux dépens d’autrui.
Plaisantons, ne pardonnons rien,
Rions, rien n’est plus à la mode,
On court péril d’être trop incommode
En disant trop de bien.
310 Sans la douceur que l’on goûte à médire,
On trouve peu de plaisirs sans ennui ;
Rien n’est si plaisant que de rire,
Quand on rit aux dépens d’autrui.
ENTRÉE DE LA SUITE
DE MARS.
Suite de Mars.
-
Concertants.
Messieurs Bony, Hédouin, Serignan, la Griffonnière, le Maire, Desuelois, David, Beaumaviel, Miracle, Perchot, Thierry et Mathieu.
-
Violons.
Messieurs Masuel, Thaumin, Chicanneau, Bonnefons, la Place, Regnaut, Passe, du Bois, du Vivier, Nivelon, le Jeune, Du-Fresne, Allais, du Mont, le Bret, d’Auche, Converset et Rousselet fils.
-
Bassons.
Rousset.
-
Flûtes.
Philebert, Boutet et Paisible.
-
Conducteur.
Monsieur Rebel,
-
Timbalier.
Daicre,
-
Sacq de bout.
Ferier,
-
Trompettes.
Duclos, Denis, la Rivière, L’Orange, la Pleine, Pellissier, Petre, Roussillon et Rodolfe.
Mars vient au milieu du Théâtre suivi de sa Troupe guerrière qu’il excite à profiter de leur loisir, en prenant part aux Divertissements.
CHANSON DE MARS.
Chantée par Monsieur d’Estival.
Laissons en paix toute la Terre,
315 Cherchons de doux Amusements ;
Parmi les Jeux les plus charmants,
Mêlons l’image de la Guerre.
Quatre Hommes portant des Masses et des Boucliers, quatre Autres armés de Demi Piques, et quatre Autre avec des Enseignes font en dansant une manière d’exercice.
-
Quatre Enseignes.
Messieurs Beauchamp, Mayeu, la Pierre et Favier.
-
Quatre Piquiers.
Messieurs Noblet, Chicanneau, Magny, et Lestang.
-
Quatre Porte Masses et Rondaches.
Messieurs Camet, la Haye, le Duc, et du Buisson.
DERNIÈRE ENTRÉE.
Les quatre Troupes différentes, de la suite d’Apollon, de Bacchus, de Mome, et de Mars, après avoir achevé leurs Entrées particulières, s’unissent ensemble, et forment la dernière Entrée, qui ensemble, et forment la dernière Entrée, qui renferme toutes les autres. Un Chœur de toutes les voix et de tous les Instruments se joint à la Danse générale, et termine la Fête des Noces de l’Amour, et de Psyché.
CHŒUR.
Chantons les Plaisirs charmants
Des heureux Amants :
320 Répondez-nous Trompettes,
Timbales, et Tambours ;
Accordez-vous toujours
Avec le doux son des Musettes ;
Accordez-vous toujours
325 Avec le doux chant des Amours.
FIN.