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2. (1769) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Ce sont bien des gens comme Eux qui s'embarassent de ce que pensent et disent des gens comme moi. […] http://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1180233_1key001cor/nts/001 Vos philosophes ou plutôt soy disant philosophes sont de froids personnages; fastueux sans être Riches, téméraires sans être braves, prêchant L'égalité par Esprit de domination, se croyant les premiers hommes du monde de penser ce que pensent tous les gens qui pensent, orgueilleux, haineux, vindicatifs; ils feroient haïr la philosophie. Est il possible que votre rancune contre la Bletrie (qui sans doûte n'avoit pensé à vous) ne cède pas au désir de plaire et d'obliger ma grand maman?

3. (1768) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Mais, monsieur, vous auriés fait encore mieux de lui laisser ignorer L'offense; il y avoit plus de quatre mois que nous n'étions occupée qu'à lui dérober la connoissance de cette brochure, craignant l'effet qu'elle pourroit lui faire; vous avez détruit toute nos mesures; heureusement il n'en n'a pas été fort troublé; le Grand succès de son livre (qui lui est fort prouvé) lui a fait mépriser cette critique; il vous a répondu ainsy je n'ay point à vous apprendre ce qu'il pense; mais je vous dirai ce que pense le public. Personne ne croit que Mr. de Bellestat en soit l'auteur, on le connois pour un homme très borné, qui n'a ni esprit ni littérature, et ne sçait même pas Ecrire une lettre; on juge que cette ouvrage est de plus d'une plume; on y trouve du commun et du piquant; cette brochure n'a pas fait Grande fortune icy, et chacun pense qu'elle ne mérite pas qu'on la réfute et qu'on y réponde. Cependant si vous voulé en prendre la peine, j'en seray fort aise, parce que j'auray toujours du plaisir à lire ce que vous Ecrirez; laissez, laissez au Président sa façon de penser.

4. (1769) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Notre âme immortelle a besoin de la garderobe pour bien penser. […] Je suis très fâché que vous pensiez que les Guebres pouraient éxciter des clameurs. Je vous demande instamment de ne point penser ainsi. […] Adieu, Madame; vivez, digérez, pensez; je vous aime de tout mon cœur.

5. (1766) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Paris 28 février 1766 Vos lettres, et surtout la dernière, me font faire une réflexion; vous croyez donc qu'il y a des vérités que vous ne connoissez pas et qu'il est important de connoitre; vous pensez donc qu'il ne sufit pas de sçavoir ce qui n'est pas, puisque vous cherchez à sçavoir ce qui est. Vous pensez apparament que cela est possible. Pensez donc que cela soit nécessaire?

6. (1771) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Songez que je ne dis que ce que je pense, et qu’il y a soixante ans que je fais ce métier. […] Je ne devrais pas y être, parce que je ne pense pas à la française; mais quand je serais Russe, comptez, Madame, que je vous serai attaché jusqu’à mon dernier moment avec des sentiments aussi inaltérables que ma façon de penser.

7. (1772) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

J’ai exécuté les ordres de votre grand’maman à la lettre; je n’ai prononcé son nom qu’à des étrangers qui passent continuellement par nos cantons, et j’ai conclu que l’Europe pensait comme moi. […] Je n’avais pas lieu assurément de me louer de messieurs, mais apres avoir dit ce que je pensais d’eux depuis vingt ans, j’ai gardé un profond silence sur toutes les choses de ce monde, et je n’ai laissé remplir mon cœur que des sentiments que je dois à mes généreux bienfaiteurs.

8. (1764) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Je pense différemment à l'équinoxe; l'esprit soufle où il veuthttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1110300b_1key001cor/nts/002 comme dit l'autre. […] Sentiments, passions, goûts, talents, manière de penser, de parler, de marcher, tout nous vient je ne sçais comment, tout est comme les idées que nous avons dans un rêve, elles nous viennent sans que nous nous en mêlions. […] Vous devriez dicter ce que vous pensez quand vous êtes seule, et me l'envoier. […] Dictez quelque chose, je vous en prie, quand vous n'aurez rien à faire; quel plus bel emploi de vôtre temps que de penser?

9. (1766) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

A la vérité il ne me paroit pas de la dernière importance que tout le monde pense de même; il seroit fort avantageux que tout ceux qui gouvernent, depuis les rois jusqu'au dernier bailly de village, n'eussent pour principe et pour sistème que la plus saine morale. […] Voilà en gros ce que Je pense; si Je causois avec vous Je me flate que vous ne penseriez pas que je préférasse les charlatans aux bons médecins; Je seray toujours ravie de recevoir de vous des instructions et des recettes, donnez m'en contre l'ennuy, voilà de quoy J'ay besoin. […] Sa vüe n'est pas baissée, mais enfin il veut s'en tenir aux lunettes qu'il a pris aujourd'huy; il vous estime, il vous honore, il vous aime, nous sommes parfaitement d'accord dans cette façon de penser et de sentir, nous voudrions bien souvent vous avoir en tier avec nous, un quart d'heure de conversation avec vous nous paroitroit d'une bien plus grande valeur que toute l'Enciclopédie.

10. (1764) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Les derniers moments sont accompagnés dans une partie de l'Europe, de circonstances si dégoûtantes et si ridicules, qu'il est fort difficile de savoir ce que pensent les mourants; ils passent tous par les mêmes cérémonies. […] On vivait du temps des Scipions et des Césars, on pensait, et on mourait comme on voulait; mais pour nous autres on nous traitte comme des marionettes.

11. (1760) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

18 février [1760] L'éloquent Ciceron, Madame, sans lequel aucun Français ne peut penser, commence toujours ses Lettres par ces mots, si vous vous portez bien, j'en suis bien aise, pour moi je me porte bienhttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1050148_1key001cor/nts/001. […] J'ai l'honneur de vous envoyer quelques rogatonshttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1050148_1key001cor/txt/002, assez plats; vôtre imagination les embéllira; un ouvrage, tel qu'il soit, est toujours assés passable quand il donne occasion de penser. […] Je suis absorbé dans un compte que je me rends à moi même par ordre alphabétique, de tout ce que je dois penser sur ce monde cy et sur l'autre, le tout, pour mon usage, et peut être après ma mort, pour l'usage des honnêtes genshttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1050148_1key001cor/nts/003. […] Si nous étions à Craon, je me flatte que quelques uns des articles de ce dictionnaire d'idées ne vous déplairaient pas; car je m'imagine que je pense comme vous sur tous les points que j'éxamine; si j'étais homme à venir faire un tour à Paris, ce serait pour vous y faire ma cour; mais je déteste Paris sincèrement, et autant que je vous suis attaché.

12. (1766) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Je me suis prise d'une grande amitié pour lui, Je me suis trouvé avec lui tant de conformité dans la façon de penser, de sentir et de Juger que cela a tenû lieu de l'habitude. […] Je voudrois sçavoir si l'on oseroit m'accuser d'Engoument sur ce que Je pense de vous. […] Je fais quelquefois réflexion à tout ce qui vous est arrivé depuis que vous êtes au monde, à la fatalité qui vous a conduit où vous êtes; Je trouve que votre vieillesse est une manière d'apothéose; vous êtes déifié de votre vivant, Ferney est un temple où l'on vient des bouts de l'univers vous rendre hommage; mais toute cette gloire ne sufiroit pas pour vous rendre heureux si vous éprouviez quelque diminution dans vos talents; c'est la fécondité de votre imagination, l'étonnante facilité de rendre avec clarté et précision tout ce que vous pensez qui doit vous rendre parfaitement heureux; employez cette facilité je vous conjure à m'écrire souvent et longuement.

13. (1766) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

12 mars 1766 Je suis enchanté, madame, de me rencontrer avec vous; ce n'est pas seulement par vanité, c'est parce qu'à mon avis lorsque deux personnes qui ont le sens commun et qui sont de bonne foi, pensent de même sans s'être rien communiqué, il y a à parier qu'elles ont raison. […] Il me semble qu'elle est consolante; elle détruit toute superstition, elle rend l'âme tranquille; ce n'est pas la tranquillité stupide d'un esprit qui n'a jamais pensé, c'est le repos philosophique d'une âme éclairée. […] Je m'imagine que je pense encore comme vous sur cette pièce; elle m'a paru noblement pensée et noblement écrite, et s'il ne s'agissait que du style, je dirais qu'il est fort au dessus de celui des représentations, et surtout de celui de la plupart de nos auteurs.

14. (1769) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Vous devez avoir une consolation bien touchante dans le commerce de vôtre grand-maman, mais elle ne peut vous voir que rârement; elle est enchainée dans un païs qu'elle doit détester, vu la manière dont elle pense. […] L'adoucissement de cette malheureuse vie serait d'avoir auprès de soi, et sous sa main un ami qui pensât comme nous, et qui parlât à nôtre cœur et à nôtre imagination le langage véritable de l'un et de l'autre. […] Celà me fait penser à la queue du siècle de Louïs XIV que j'ai eu l'honneur de vous envoier. […] Pour vous, madame, je vous dis très naïvement, que j'aime passionnément vôtre façon de penser, de sentir, et de vous exprimer, et que je me tiens malheureux dans mon bonheur de campagne, de passer ma vieillesse loin de vous.

15. (1740) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Je n'aurois Jamais Ecrit si Je n'ambitionnoit de plaire au peu de personnes qui pensent comme vous.

16. (1762) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

La partie par où l'on pense ne s'est point affaiblie en elle. […] Vivez madame, digérez, pensez, et même riez de touttes les sottises de ce monde, depuis l'inquisition de Lisbonne jusqu'aux pauvretez de Paris, et agréés mon tendre respect.

17. (1764) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Vraiment il s'agit entre nous de choses plus sérieuses, attendu nôtre état, nôtre âge, et nôtre façon de penser. […] Il faut avoir fait ses dispositions de bonne heure, et ensuitte n'y plus penser du tout. […] Ce qu'il y a de pis encor, c'est qu'on est entouré alors d'hipocrites qui vous obsèdent pour vous faire penser comme ils ne pensent point, ou d'imbéciles qui veulent que vous soiez aussi sot qu'eux; tout cela est bien dégoûtant.

18. (1769) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Vous, madame, vouos ne trompez personne; vous avez de l'esprit malgré vous; vous dites ce que vous pensez avec sincérité. […] Quand Je dis âme c'est pour me conformer à l'usage, car nous ne sommes peut-être que des machines qui pensons avec la tête comme nous marchons avec les pieds. Nous ne marchons point quand nous avons la goûte, nous ne pensons point quand la moelle du cerveau est malade.

19. (1751) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Je les condamne touttes, et je pense que comme il ne faut point écrire tout ce qu'ont fait les rois, mais seulement ce qu'ils ont fait de mémorable, il ne faut point imprimer tout ce qu'ont écrit de pauvres autheurs, mais seulement ce qui peut à toutte force être digne de la postérité. […] Ce siècle était beau, il a enseigné à penser et à parler à celuy cy. […] M. le président Henaut, pour qui je crois vous avoir dit des choses assez tendres, parce que je les pense, m'aurait il tout à fait oublié!

20. (1765) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Tout discour sur certaine matière me paroissent inutiles, le peuple ne les entend point, la Jeunesse ne s'en soucie guères, les gens d'esprits n'en ont pas besoin, et peut on se souçier d'Eclairer les sots: que chacun pense et vive à sa guise, et laissons chacun voir par ses lunettes; ne nous flatons jamais d'établir la tolérance, les persécutés la prêcherons toujours, et s'ils cessoient de l'être ils ne l'exerceroient pas; quelque opinions qu'ayent les hommes ils y veulent soumettre tout le monde. Tout ce que Vous Ecrivez a un charme qui séduit et entraine, mais je regrete toujours de vous voir occuppé de certains sujets que Je voudrois qu'on respectât assés pour n'en jamais parler, et même pour n'i Jamais penser. […] Je lui ay fait voir votre lettre, et comme il verra ma réponse, je n'ose vous dire tout ce que Je pense de lui; Jugez en par les preuves que J'ay de la préférence qu'il vous donne sur tout ce qu'il a Jamais vû, entendû et connû; c'est ainsy que moi votre plus grand admirateur; il a un fond de mélancolie qui me donne encor avec lui de grands rapports; ce sera pour moi une véritable perte quand il retournera dans son paÿs; vous seriez étonné si vous voyez ce qu'est devenû le nôtre, J'en suis honteuse vis àvis des étrangers; ce n'est plus une chose flateuse pour vous aujourd'huy qu'il n'i ait plus que vous que l'on puisse Citer dans notre nation.

21. (1775) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Ses dispositions sont semblables aux vôtres, et tous les honnêtes gens ne peuvent que penser de même. […] Nous avons des sentimens qui devroient produire notre union, notre même façon de penser pour vous.

22. (1754) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

A Colmar 3 mars [1754] Vôtre lettre, madame, m'a attendri plus que vous ne pensez; et je vous assure que mes yeux ont été un peu humides en lisant ce qui est arrivé aux vôtres. […] Je pensais que vous étiez à peu près dans l'état de madame de Staal, aïant par dessus elle le bonheur inestimable d'être libre, de vivre chez vous, et de n'être point assujettie chez une Princesse à une conduite génante qui tenait de l'hippocrisie, enfin d'avoir des amis qui pensent et qui parlent librement avec vous.

23. (1759) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Je suis toujours surprise qu'on ose y penser. […] Vos jugements sur les ouvrages seroit surtout ce qui me plairoit infiniment, parceque je sens et pense tout comme vous. […] Mais je m'apperçois que je suis bien impertinente de vous entretenir de tout ce que je pense, ce seroit le moyen de vous dégoûter bien viste d'une correspondançe que mon cœur désire et qui seroit un grand amusement pour moi auquel il faut vous prêter si vous avez de la bonté et de l'humanité.

24. (1769) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

N'ai-je pas encor songé à vous procurer la tragédie des Guêbres, ouvrage d'un jeune homme, qui parait penser bien fortement, et qui me fera bientôt oublier? Pour moi, Madame, je ne vous oublierai que quand je ne penserai plus, et lorsqu'il m'arrivera quelque ballot de pensées des païs étrangers, je choisirai toujours ce qu'il y aura de moins indigne de vous pour vous l'offrir.

25. (1770) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

L'envie et la médisance sont deux nimphes immortelles; ces demoiselles ont repandu que certains philosophes que vous n'aimez pas, avaient imaginé de me dresser un Statue comme à leur député, que ce n'était point les belles Lettres qu'on voulait encourager, mais qu'on voulait se servir de mon nom et de mon visage, pour ériger un monument à la liberté de penser. […] Onhttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1200326_1key001cor/nts/001 m'assure même que vous avez pensé comme moi, et que vous l'avez dit à une de vos amies.

26. (1760) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Je ne pense pas absolument comme vous sur les portraits et anecdotes, mais à l'explication il se trouveroit peutêtre que nous pensons de même; les portraits imaginés et les anecdottes fausses ou falsifiées font de l'histoire d'indignes romans. […] Je vois monsieur que vous êtes fort au fait de ce que Je fais, Je voudrois que vous le fussiez aussy bien de tout ce que Je pense, vous n'y trouveriez rien à redire, et vous conviendriez que Je ne suis point injuste dans les Jugemens que Je porte, ni déraisonnable dans ma conduite.

27. (1772) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Il disait que la nature a tellement arrangé les choses que nous pensons par la tête comme nous marchons par les pieds. […] Mais je ne sais plus ni ce que vous faittes, ni ce que vous pensez. Pour moi je pense à vous, Madame, plus que vous ne croiez, et je vous aime sans doute plus que vous ne m’aimez.

28. (1759) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

que j'aime les gens qui disent ce qu'ils pensent! C'est ne vivrehttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1040397b_1key001cor/txt/002 qu'à demi que de n'oser penser qu'à demi. […] Et quand on songe que les trois quarts du sénat Romain, à commencer par César, pensaient comme Lucrèce, il faut avoüer que nous sommes de grands polissonshttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1040397b_1key001cor/nts/015, à commencer par Joly de Fleuri. Vous me demandez ce que je pense, Madame; je pense que nous sommes bien méprisables, et qu'il n'y a qu'un petit nombre d'hommes répandus sur la terre qui osent avoir le sens commun; je pense que vous êtes de ce petit nombre; mais à quoi celà sert-il?

29. (1764) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Je pense avec vous, Madame, que quand on veut être aveugle, il faut l'être à Paris; il est ridicule de l'être dans une campagne avec un des plus beaux aspects de l'Europe. […] Nonseulement il a beaucoup d'esprit, mais il l'a très décidé, et c'est beaucoup, car le monde est plein de gens d'esprit qui ne sçavent comment ils doivent penser.

30. (1773) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Je m’imagine que vous pensez comme moi, et j’ai la vanité de croire penser comme vous.

31. (1764) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Voltaire, Voltaire, Voltaire; Je m'y attendois, mais comme j'avois beaucoup rêvé pour trouver le second, je ne fus point surprise qu'on délibéra beaucoup à le nommer, cependant on nomma celui que j'avois pensé et que je pense que vous penserez aussy.

32. (1764) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Comme je ne veux point vous tromper, je ne vous diray point ce qu'elle pense de St Augustin et de Calvin, mais j'ay peine à croire, qu'elle ne les sacrifia pas volontier au plaisir de passer une journée chés vous? […] Mais quoique l'esprit philosophique soit bon à tout et partout, je n'aime pas qu'on le fasse trop sentir dans l'histoire; cela peut rendre les faits suspects et faire penser que l'historien les ajuste à ses sistèmes.

33. (1774) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Ce] siècle s'est un peu formé; on ne pense plus comm[e] au douzième siècle, ou plutôt comme on ne pensait pas.

34. (1769) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Il dit que le Roi a donné des pensions à tous les juges de Damiens; et il est public qu'il n'en a donné qu'aux deux raporteurs. […] Je pense comme l'auteur.

35. (1773) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Je voudrois sçavoir ce que vous en pensé; j’aime à soumettre mon jugement au Vôtre.

36. (1772) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

La disposition des organes fait tout; et malgré le sot orgueil humain, malgré les petites vanités qui se jouent de notre vie, malgré les opinions passagères qui entrent dans nôtre cervelle et qui en sortent sans savoir ni pourquoi ni comment, la manière dont on digère décide prèsque toujours de nôtre manière de penser, témoin Jean qui pleure et qui rit http://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1220408_1key001cor/nts/001, qui a couru tout Paris, et que vous n'avez probablement point lu. […] Vogue la pauvre galère; pensez fortement et uniformément, et conservez moi vos bontés.

37. (1765) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Je n'ai point voulu vous écrire par la poste, ce n'est pas que je craigne que ma passion pour vous, déplaise à Mr Janel, je le prendrai volontier pour mon confident, mais je ne veux pas qu'il sache à quel point je suis éloigné de mériter tout le bien que vous pensez de moi. […] Je crois que j'ai vu plus de cinq cent personnes de tout état et de tout païs dans ma retraitte, et je ne crois pas en avoir vu une demi douzaine qui ne pensent comme mon abbé Bazin. La consolation de la vie est de dire ce qu'on pense.

38. (1768) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Je doûte monsieur qu'il entre en liçe avec vous, son respect, son amour pour son compatriote doivent être satisfaits; J'imagine qu'il n'aura d'autres désirs à présent que de vous marquer son admiration et combien il est touché de l'extrême politesse avec laquelle vous avez répondû à sa franchise; il y a long tems que je connoit tout ce qu'il pense pour vous, et c'est une conformité que nous avons ensemble qui est un des plus forts liens de notre amitié.

39. (1770) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Je suis bien aise de vous le dire avec autant de franchise que je vous dis combien je vous aime, combien j'estime vôtre façon de penser, à quel point je regrete d'être loin de vous.

40. (1771) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Je pense que vôtre grand maman l’a reçue.

41. (1773) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Je voudrois sçavoir ce que vous pensez de la pièce du Conétable.

42. (1751) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Je peux vous assurer que si tout le monde pensait à Paris comme vous, j'aurais eu bien de la peine à me laisser enlever. […] Et puis figurez vous combien il est plaisant d'être libre chez un Roy, de penser, d'écrire, de dire tout ce qu'on veut.

43. (1760) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Depuis votre dernière lettre j'ay presque toujours été malade; J'aurois Eû grand besoin que vous Eussiez pris soin de moi; tout ce qui me vient de vous me tire de la létargie qui devient presque mon état habituel; Jamais vos lettres ni vos ouvrages ne peuvent arriver mal à propos, Je vous trouve le seul homme vivant qui soit sur terre; tout ce qu'on lit, tout ce qu'on entend est semblable aux commentateurs de votre temple du goût, qui disent ce qu'on pensa mais qui ne pensent pointhttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1050135_1key001cor/nts/002; enfin, tout cecy ressemble aux limbes.

44. (1769) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Vous auriez grand tort de vous plaindre de votre Existence; vous sentez, pensez, produisez sans cesse. […] Accusez moi si vous voulez d'un Excès de vanité; mais vous ne dites rien que Je ne crois avoir pensé.

45. (1759) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Si je n'ai point eu l'honneur de vous écrire, c'est que ma retraitte m'a fait penser qu'un homme qui avait renoncé à Paris ne devait pas se joüer à ce qu'il a connû dans Paris de plus aimable. […] En vérité, Madame, il n'y a pas moyen, tant je suis devenu hardi avec l'âge; je ne peux plus écrire que ce que je pense, et je pense si librement qu'il n'y a guères d'aparence d'envoyer mes idées par la poste.

46. (1752) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

La liberté de penser est la vie de l'âme, et il paraît qu'il n'y a pas baucoup d'âmes plus vivantes que la vôtre.

47. (1760) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Comment n'avez vous pas senti que je pense comme vous?

48. (1766) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

que pensez vous?

49. (1770) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Si elle est dans son palais de Chantelou occupée de sa florissante colonie je la déclare philosophe; j'entends surtout par ce mot philosophe pratique, car ce n'est pas assez de penser avec justesse, de s'exprimer avec agrément, de fouler aux pieds les préjugés de tant de pauvres femmes et même de tant de sots hommes, de connaitre bien le monde et parconséquent de le mépriser.

50. (1771) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Vous me laissez deviner tout ce que vous pensez; mais pardonnez moi aussi mes idées.

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