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2. (1770) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Un sourd, un aveugle de naissance, peuvent regreter de ne pas voir, de ne pas entendre; mais cependant ils ne sçavent ce que c'est que voir et qu'entendre, ce que c'est que ces facultés qui leur manquent.

3. (1760) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Tâchez, Madame, de rire comme moi, de tant de pauvretés en tout genre; il est vrai que dans l'état où vous êtes on ne rit guères, mais vous soutenez cet état, vous vous y êtes accoutumée, c'est pour vous une espèce nouvelle d'éxistence; vôtre âme peut en être devenüe plus recueillie, plus forte, et vos idées plus lumineuses; vous avez sans doute quelque éxcellent lecteur auprès de vous, c'est une consolation continuelle; vous devez être entourée de ressources; nous avons dans Genève, à un demi quart de lieüe de chez moi, une femmehttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1060026_1key001cor/nts/002 de cent deux ans qui a trois enfans sourds et muets; ils font conversation avec leur mère du matin au soir, tantôt par écrit, tantôt en remuant les doigts, joüent très bien tous les jeux, sçavent toutes les avantures de la ville et donnent des ridicules à leur prochain, aussibien que les plus grands babillards; ils entendent tout ce qu'on dit au remüement des lèvres. […] Aiant renoncé à Paris, je me suis enfui aux frontières de la Chine, mon âme a plus voiagé que le corps de la Condamine; on dit que ce sourdauthttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1060026_1key001cor/nts/003 veut être de l'académie françaisehttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1060026_1key001cor/nts/004, c'est aparemment pour ne pas nous entendre. Heureux ceux qui vous entendent, madame.

4. (1772) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Ah si on avoit un véritable ami, on ne seroit pas dans cette indécision; mais c’est la pierre philosophale, on se ruine dans cette recherche; aulieu de remèdes universels, on ne trouve que des poisons; vous êtes mille et mille fois plus heureux que moy; mon Etat de quinze Vingt n’est pas mon plus grand malheur; je me Console de ne rien voir, mais je m’afflige de ce que j’entend, et de ce que je n’entend pas; le goût est perdu, ainsy que le bon sens; cecy paroitra propos de vieille, mais non en vérité; mon âme n’a point vieillie; je suis touchée du bon et de l’agréable, autant et plus que je l’étois dans ma jeunesse; cela est vray.

5. (1772) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

23e 8bre 1772 Je me vante, Madame, d’avoir les oreilles aussi dures que vous, et le cœur encor d’avantage; car je vous assure que je n’ai pas entendu un seul mot de prèsque tous les ouvrages en vers et en prose qu’on m’envoie depuis dix ans. […] J’entends par petite et bonne, quatre ou cinq personnes, tout au plus, qui aiment les vers qui disent quelque chose, et qui ne sont pas tout à fait allobroges.

6. (1772) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Paris 18 9bre 1772 J’ay tout entendu mon cher Voltaire, et Je vous en dois des remerciemens infinis. […] J’ay été très contente de le Kain, il a lû à merveille, mais Je ne suis point contente de la distribution des rôles, Je voudrais qu’il fît le Roi, il dit que cela ne se peut pas; Je n’entends pas les dignités théâtrales, il y en a pourtant bien de cette sorte à la cour et à la ville.

7. (1773) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

J’ay été très allarmée d’entendre dire que vous étiés fort malade; Je n’ay point passé de Jour sans m’informer de vos nouvelles; les dernières me rassurent beaucoup, J’espère qu’elles me serons confirmées par vous même.

8. (1765) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

M'entendez vous à présent? m'entendez vous madame? […] Vous m'entendez parfaitement, et vous devez savoir que je vous suis tendrement attaché.

9. (1766) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Je vs plains beaucoup d'avoir perdu mr Craffurt, je sens bien qu'il était digne de vous entendre, on ne regrête que les gens à qui l'on plait, excepté en amour s'entend.

10. (1770) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Vous a t'on envoyé la Religieusehttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1200019b_1key001cor/nts/002 de mr de la Harpe que J'entendis avant hier?

11. (1773) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

le 8 7bre 1773 http://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1240113b_1key001cor/txt/001 J’attendois, mr, l’Evénément du procès de Mr. de Morangiéshttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1240113b_1key001cor/nts/001, pour joindre aux remerciemens que je vous dois de vôtre petite brochure, mon Compliment sur le gain d’un procès où vous avez beaucoup Contribué; vous devriés bien employer vôtre éloquence à faire abolir des usages qui confondent le vray avec le faux, et qui rendent les signatures inutiles; je voudrois aussi que vous fissiés des factum pour ce pauvre Roy de Pologne; il y à tant d’injustice, de supercherie et de Violence dans ce monde, qu’il faut quand on n’a pas vos talents pour les combatres, et s’i opposer, plier les épaules et se taire; il n’y a qu’une voix comme la Vôtre qui ayt le droit de se faire entendre.

12. (1751) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Quand il vient de Paris quelque Livre nouvau tout plein d'esprit qu'on n'entend point, tout hérissé de vieilles maximes rebrochées et rebrodées avec du clinquant nouvau, savez vous bien madame ce que nous faisons? […] Je tâche au moins de m'exprimer tout naturellement et j'espère que quand je reverrai Paris on ne m'entendra plus.

13. (1766) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

J'entend par le peuple le plus grand nombre des hommes. […] Vous voulez faire entendre que vous êtes persuadé de certaines opinions que l'on avoit avant Moïse, et que lui n'avoit point, ou du moins qu'il n'a pas transmis.

14. (1769) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Je n'entend rien à la critique raisonnée, ainsy Je n'entreray point en détail sur ce qui m'a choqué et déplû; Je vous diray seulement que le stile accadémique m'est en horreur, que Je trouve absurde toutes les dissertations, tous les préceptes, que nous donnent nos beaux Esprits d'aujourd'huy sur le goût et sur les talents, comme si l'on pouvoit supléer au génie.

15. (1770) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Si elle est dans son palais de Chantelou occupée de sa florissante colonie je la déclare philosophe; j'entends surtout par ce mot philosophe pratique, car ce n'est pas assez de penser avec justesse, de s'exprimer avec agrément, de fouler aux pieds les préjugés de tant de pauvres femmes et même de tant de sots hommes, de connaitre bien le monde et parconséquent de le mépriser.

16. (1771) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

J’en ai entendue qui m’ont parûe Jolies; Vous à t’on envoyé la Rivalité de l’Angleterre et de la Francehttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1210400_1key001cor/nts/004, par Mr Gaillard?

17. (1774) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

M'entendez vous mon cher Comtemporain?

18. (1769) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Mon dernier chapitre à moi c'est de vous aimer très tendrement, et de souhaitter avec une passion malheureuse de vous voir et de vous entendre.

19. (1766) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Le petit Tronchin qui ne pense pas que j'ai soixante et treize ans, et que je ne peux sortir de chez moi, crut entendre que j'irais trouver le roi de Prusse, il le manda à son père, ce père l'a dit à Paris, les gazetiers en ont beaucoup raisonné, et voilà comme on écrit l'histoirehttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1140463_1key001cor/nts/002. […] Je l'ai faitte éxécuter, j'ai entendu des choses dignes de Rameau.

20. (1760) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

http://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1060097b_1key001cor/nts/002 J'entends par Aman, nombre d'auteurs que vous honorez de votre protection, et que Je trouve fort ennuyeux et fort orgueilleux.

21. (1771) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Vous savez si je vous suis attaché, et si je ne compterai pas parmi les plus beaux moments de ma vie le plaisir de vous entendre, car grâces à nos yeux nous ne pourons guères nous voir.

22. (1772) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Je vous nommeray dix personnes qui ont vôtre Epitre à Horace, vous m’en parlés, vous me l’offrez, vous n’attendez que mon consentement pour me l’envoyer; je me hâte de vous marquer mon empressement, vôtre réponse se fait attendre mille ans, et finit par être un refus; c’est là Comme vous traitéz vos amis, c’est à ceux qui vous déchirent les oreilles, c’est à ceux à qui vous devriés les tirer que vous communiquez ce que vous avez de plus précieux, que vous confiéz vos secrets, dont ils donnent des copies à tous leurs bons amis, dont je n’ay pas L’honneur d’être; pour dédomagement vous voulés bien me procurer d’entendre les loix de Minos.

23. (1774) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Le contehttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1250074_1key001cor/nts/001 que vous m'avez fait de ce nouveau conseiller qui n'osait qu'opinerhttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1250074_1key001cor/txt/001 avant que ses anciens qu'opinassenthttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1250074_1key001cor/txt/001 est un vieux conte que j'ai entendu faire avant que mad. de Choiseulhttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1250074_1key001cor/txt/002 fût née.

24. (1775) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Vous m'avez reprochée que je n'aimois point la Musique de Gluck; venez l'entendre, et ne prononcez ma condamnation qu'après l'avoir entendûe.

25. (1775) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Dupuis; Je luy ay fait mille questions qui partoient toutes de ma tendre amitié pour vous; Je vois que nos santés sont assez semblables, ainsy que nos âges; il me serois bien doux, je ne sçaurois dire de vous voir, mais de vous entendre; quel plaisir j'aurois que vous entrassiés dans ma chambre sans que l'on vous annonça, et que Je vous reconnusse à vôtre son de voix!

26. (1763) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Je m'amuse à entendre sauter, courir, déraisonner madlle Corneille, son petit mari, sa petite sœur dans mon petit château, pendant que je dicte des commentaires sur Agesilas et Attila.

27. (1766) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Je ne donnay point de copie de celle ou vous plaisantiez sur Montcrif, mais on la lû devant un certain mr Turgot qui retient tout ce qu'il entend lire, et Je fus confondüe quelques Jours après d'apprendre qu'il en couroit des copies.

28. (1770) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Je n'ai point du tout entendu parlér de monsieur Crafort.

29. (1774) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Diderot est tout étonné de ce qu’il a vu et entendu.

30. (1763) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Je bénis le ciel d'être aussy vieille, il n'y a plus de plaisir à vivre, on n'entend plus que des Lieux communs, ou des extravagances.

31. (1769) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

pensez vous sérieusement que ma voix puisse se faire entendre, et que Je puisse vous être utile pour faire représenter vos Guebres?

32. (1772) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Je ne saurais souffrir les tracasseries et les factions aussi ridicules qu’acharnées qui règnent dans cette Babilone où tout le monde parle sans s’entendre.

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