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2. (1770) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

St Grisel et St Billard http://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1200145_1key001cor/nts/004 sont toujours enfermés; mais nous avons bien d'autres affaires qui nous occuppent, les opérations de finance; elles m'ont rognés les ongles, qui comme vous sçavez n'étoient pas trop long; Je perd plus de mille Ecus de rente, et Je me flate pour l'amour de vous, toute proportion gardé, que vous en perdez cinq ou six fois autant; plus la somme que l'on perd est petitte, plus le domage est grand, parcequ'il est bien près du nécessaire.

3. (1771) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Il est vrai que Job n’avait point perdu les deux yeux, et n’avait point surtout perdu la langue, car c’était un terrible bavard.

4. (1769) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

La raison en est que j'ai peu de tems à vivre, et que je ne veux pas perdre ce tems; mais je voudrais bien aussi ne vous pas faire perdre le vôtre.

5. (1772) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Ah si on avoit un véritable ami, on ne seroit pas dans cette indécision; mais c’est la pierre philosophale, on se ruine dans cette recherche; aulieu de remèdes universels, on ne trouve que des poisons; vous êtes mille et mille fois plus heureux que moy; mon Etat de quinze Vingt n’est pas mon plus grand malheur; je me Console de ne rien voir, mais je m’afflige de ce que j’entend, et de ce que je n’entend pas; le goût est perdu, ainsy que le bon sens; cecy paroitra propos de vieille, mais non en vérité; mon âme n’a point vieillie; je suis touchée du bon et de l’agréable, autant et plus que je l’étois dans ma jeunesse; cela est vray. […] pourquoy avons nous perdus cette chimère?

6. (1768) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

13 Juillet 1768, à Ferney Vous me donnez un thème, Madame, et je vais le remplir: car vous savez que je ne peux écrire pour écrire, c'est perdre son temps et le faire perdre aux autres. […] Si vous n'étiez pas plongée dans l'horrible malheur d'avoir perdu les yeux, seul malheur que je redoute, je vous dirais: lisez et méprisez, allez aux spectacles et jugez, jouissez des beautés de la nature et de l'art.

7. (1773) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

J’ay dans ce moment la crainte de perdre mad. […] Faut il donc mourir ou tout perdre?

8. (1775) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Il faut se cacher au monde quand on a perdu la moitié de son corps et de son âme, et laisser la place à la jeunesse. Il y a, et il y aura toujours à Paris beaucoup de jeunes gens qui font et qui feront très joliment des vers; mais ce n'est pas assez de les faire bons, il leur faut un je ne sais quoi qui force à les retenir par cœur, ou à les relire malgré qu'on en ait, sans quoi cent mille bons vers sont de la peine perdue.

9. (1763) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Il faut que les aveugles fassent des contes, ou qu'ils jouent de la viélehttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1110075b_1key001cor/nts/002, car si on avait perdu quatre sens, il n'y aurait autre chose à faire qu'à se réjouïr avec le cinquième.

10. (1764) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Elle me répondit, faisons plus que François I er , perdons jusqu'à l'honneur http://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1110377_1key001cor/nts/001. […] Vivre sans aimer la vie ne fait pas désirer sa fin, et même ne diminue guères la crainte de la perdre. […] Tout cela sont des réflexions bien oiseuses, mais il est certain que si nous n'avions pas de plaisir il y a cent ans, nous n'avions ni peine ni chagrins, et des 24 heures de la Journé, celles où l'on dore me paraissent les plus heureuses; vous ne sçavez point et vous ne pouvez sçavoir par vous même quel est l'état de ceux qui pensent, qui réfléchissent, qui ont quelque activité, et qui sont en même tems sans talent, sans passion, sans occupation, sans dissipation, qui ont eû des amis, qui les ont perdus sans pouvoir les remplaçer; Joignez à cela de la délicatesse dans le goût, un peu de dicernement, beaucoup d'amour pour la vérité; crevez les yeux à ces gens là, et placez les au milieu de Paris, de Pekin, enfin où vous voudrez, et je vous soutiendrai qu'il seroit heureux pour eux de n'être pas né.

11. (1764) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

27e Janv: 1764 aux Délices Ouï, je perds les deux yeux; vous les avez perdus.

12. (1766) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Je trouve d'ailleurs dans cette recherche, quelque vaine qu'elle puisse être, un assez grand avantage; l'étude des choses qui sont si fort au dessus de nous rendent les intérêts de ce monde bien petits à nos yeux, et quand on a le plaisir de se perdre dans l'immensité, on ne se soucie guères de ce qui se passe dans les rues de Paris. […] Je vs plains beaucoup d'avoir perdu mr Craffurt, je sens bien qu'il était digne de vous entendre, on ne regrête que les gens à qui l'on plait, excepté en amour s'entend.

13. (1769) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

7e auguste 1769 Vous me dites, madame, que vous perdez un peu la mémoire, mais assurément vous ne perdez pas l'imagination.

14. (1765) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Voicy bientôt le temps où je vais perdre la vue, mes détestables fluxions me reprennent l'automne et l'hiver. […] On a tous ses moments à soi, et la vie est si courte qu'il ne faut pas en perdre un quart d'heure.

15. (1772) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

J’ay toujours rendu Compte à mes amis, de ce que vous me mandiés pour Eux; et de peur d’affoiblir vos expressions et de faire Tort à vôtre stile, je leurs ay presque toujours envoyé vos lettres; Je vous ay toujours dit fidellement ce que contenoit leurs réponses; Je n’ay point ajouté de réflexions, n’y de Commentaire sur le Texte; vous avez tort de vous croire mal avec eux, puisque vous n’avez point à vous reprocher d’avoir manqué à tous les sentimens que vous leurs devez; Je leurs enverray vôtre dernierre Lettre, et toutes celles où vous me parlerez d’eux; Car J’espère que vous m’écrirez souvent, et que vous vous ferez un devoir de me dédommager avec usure de vôtre Long silence; J’ay plus besoin que Jamais de vôtre secours; Je n’ay plus de ressources Contre l’ennuye; J’éprouve le malheur, d’une Education négligée; l’ignorance rend la Vieillesse bien plus pêsante, son poids me paroit insupportable; Je ne regrette point les agréments de la Jeunesse; et encore moins l’employe que mes semblables en font et que j’en ay fait moy même; Je regarde tout cela aujourd’huy, Comme un tems perdu; Je voudrois avoir acquis des goûts, des Connoissances, de la Curiosité. […] Vous ne serez plus vous, vous y perdrez beaucoup; Je ne seray plus moy, Je n’y peut que gagner; mais encore une fois que serons nous?

16. (1773) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Vous n’avez perdu qu’un de vos sens, et je perds mes cinq.

17. (1773) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Si vous avez perdu la vue du corps, et si je suis à peuprès dans le même état quand l’hiver aproche, il me semble que nous avons conservé, dumoins les yeux de l’entendement.

18. (1774) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Mon cher abbé, lui ai-je dit, je reconnais bien, à votre stile, l'auteur de ces fameux noëls, Lisez la loi et les prophêtes, Profitez de ce qu'ils ont dit; Quand on a perdu Jesu-Christ Adieu panier, vendanges sont faittes.

19. (1770) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Vous ne me croyez donc plus amusable et vous dites qu'il faut perdre son tems avec moi. […] Si vous m'accordez cette grâce, il n'y faut pas perdre un moment.

20. (1764) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

31e auguste 1764 à Ferney J'apprends, Madame, que vous avez perdu Mr D'Argenson.

21. (1769) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

J'ay un vray chagrin de perdre cette espérance; vous auriez trouvé d'anciens et véritables amis, vous auriez fait une immensité de nouvelles connoissances, le petit nombre de gens d'esprit et la multitude de ceux qui y prétendent; vous auriez entendû Hamelethttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1190296a_1key001cor/nts/001, que vous n'auriez pas reconnû; de Jolis operas comiques, qui vous charmeroient; vous auriez trouvé à ce spectacle des acteurs parfait; partout ailleurs d'abominables, excepté Molé et Preville; vous auriez vû ma grand maman, et malgré toute l'humilité qu'elle professe elle n'auroit pas résisté au plaisir de faire connoissance avec mr Guillemet.

22. (1770) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

5e Xbre 1770 Vous avez vu, Madame, finir vôtre ami que vous aviez déjà perdu.

23. (1764) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Vous me direz que la chose est bien difficile, et que la société serait perdue si l'on ne se moquait pas un peu de ceux qui nous sont le plus attachés.

24. (1770) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Je vais perdre tout à l'heure la grand maman, elle part Jeudy pour Chanteloup, elle va tondre ses moutons, en faire carder et filer la laine dont on fera de beaux draps et toute sortes d'Etoffes.

25. (1764) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Expliquez moi votre conduitte, et, croyez moi ne perdez pas volontairement L'amitié du plus ancien, du plus aimable et du plus sincère de vos amis.

26. (1760) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

A ce sentiment il s'en Joignit mille autres; tout me sembla perdu pour notre nation, tout me parût rentrer dans le cahos, et Je vis avec Edification que cette nouvelle fit la même impression sur tout le monde: Je ne sçay pas si vous avez des Ennemis, des Envieux &c. mais Je sçay bien qu'à la nouvelle de votre mort vous n'aviez plus que des admirateurs, chacun parla dans ce moment suivant sa conscience.

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