Je n’ay Jamais eû tant de besoin des soins et des attentions de mes anciens amis; J’Eprouve ce qu’à dit St Lambert et qu’il a très bien dit sur celui qui a le malheur de viellir, Il voit autour de lui tout périr, tout changer, A la race nouvelle il se trouve étrangerhttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1240154_1key001cor/nts/003, &c. […] Je suis bien triste mon cher Voltaire; Le ciel ne m’a point donné le courage, et les âmes foibles sont en proye à tous les malheurs.
Mais si nous avions eu le malheur de perdre mr Henaut aurait il fallu écrire à mr Dargenson? […] Je vous écris parce que vous vous croiez malheureuse et que vous avez une âme forte à qui je dis quelquefois des véritez fortes, parceque vous m'avez dit quelquefois que mes lettres vous consolaient un moment, parce que j'aime à vous parler des malheurs de la vie humaine, des préjugez qui L'empoisonent et des horreurs ridicules dont on acompagne la mort.
Le grand malheur de notre âge, madame, c'est qu'on se dégoûte de tout. […] On n'a plus ni passion, ni illusion, on a le malheur d'être détrompé, le cœur se glace, et l'imagination ne sert qu'à nous tourmenter.
Si nous étions toujours occupés de l’image de nos malheurs et de nos sottises, la nature humaine serait la nature infernale.
C'est leur ressource dans leurs malheurs (et c'est en quoy je voudrois leurs ressembler), c'est leur bride et leur frein dans leur conduite, et c'est ce qui doit faire désirer qu'on ne les Eclaire pas; et puis pourroit on les Eclairer? […] Ce n'en seroit pas une du moins pour ceux qui croyent qu'il n'i a qu'un malheur, celui d'être né.
Réellement mon plus grand malheur (et ce malheur est si grand qu'il me rend malade) c'est de ne sçavoir absolument ce que Je peux lire, tout m'ennuy à la mort; L'histoire, la morale, les Romans, les pièces de théâtre.
Réellement Monsieur de Voltaire faites vous bien de me parler sans cesse de mes malheurs sans chercher à les adoucirs?
Si vous n'étiez pas plongée dans l'horrible malheur d'avoir perdu les yeux, seul malheur que je redoute, je vous dirais: lisez et méprisez, allez aux spectacles et jugez, jouissez des beautés de la nature et de l'art.
C'est un grand malheur qu'il y ait si peu de gens en France qui imitent l'exemple des Anglais, vos voisins.
C'est une plaisante ambition que de vouloir se rendre célèbre par les malheurs; il n'aura bientôt plus d'azile qu'aux petittes maisons.
Un autre article de ma lettre que vous avez encore mal entendû, c'est que je vous disois que le plus grand de tout les malheurs étoit d'être né. […] Vous êtes heureux à ce qu'il me paroit, et vous adoucissez mes malheurs par l'assurance que vous me donnez de votre amitié et par le plaisir que me font vos lettres.
Vous ne pouvez jamais connoitre le malheur, et comme je vous l'ay déjà dit, quand on a beaucoup d'esprit et de talent on doit trouver en soy de grandes ressourçes; il faut être Voltaire ou végéter. […] Je sçay que c'est presque toujours notre caractère qui contribue le plus à notre bonheur et à notre malheurs, mais comme vous sçavez nous l'avons reçû de la nature; que conclure de tout cela?
Paris ce 10 7bre 1764 Vous n'avez point eû de mes nouvelles monsieur, parce que depuis six semaines ou deux mois je suis noire comme de l'encre, ne prenant part à rien, m'ennuyant de tout, sans désirs, sans sentiment, et m'affligeant toujours du malheur d'être née; car quoique vous en puissiez dire c'est le seul véritable puisqu'il est le princippe et la cause de tout les autres, mais comme il est inutile de s'en affliger, il est ridicule de s'en plaindre.
Vous n'êtes informée que des plaisirs de Paris, et je le suis des malheurs de trois ou quatre cent mille âmes qui souffrent dans les provinces.
Je voudrois envérité mettre sur vôtre tête les années qui me restent, vous en feriés bon usage, et celuy que J'en fais est déplorable; Je sent tout le malheur qu'il y a de n'avoir rien acquis dans sa Jeunesse; on ne vit dans sa viellesse que sur le bien d'autruy, et l'on en sent d'autant plus sa misère; mais que faire à cela mon cher Voltaire?
pour Eprouver de nouveaux malheurs. […] Cette absence eternelle ainsy que la perte de mon ami sont deux malheurs irréparables, et dont Je ne me consoleray Jamais.
Paris 28 Xbre 1770 Vous sçavez déjà tout nos malheurs, vous ne doutez pas de mon affliction.
Pour moi monsieur Je l'advoüe, je n'ay qu'une pensée fixe, qu'un sentiment, qu'un chagrin, qu'un malheur, c'est la douleur d'être née; il n'i a point de rôle qu'on puisse joüer sur le théâtre du monde, auxquels Je ne préférasse le néant; et ce qui vous paroitra bien inconséquend, c'est que quand J'aurois la dernière Evidence d'y devoir rentrer je n'en aurois pas moins d'horreur pour la mort; expliquez moi à moi même, Eclairez moi, faites moi part des vérités que vous découvrirez, enseignez moi le moyen de supporter la vie, ou d'en voir la fin sans répugnancehttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1140117_1key001cor/nts/001; vous avez toujours des idées claires et Justes, il n'i a que vous avec qui Je voudrois raisonner, mais malgré l'opinion que J'ay de vos lumières je seray fort trompé si vous pouvez satisfaire aux choses que je vous demande.
Ah si on avoit un véritable ami, on ne seroit pas dans cette indécision; mais c’est la pierre philosophale, on se ruine dans cette recherche; aulieu de remèdes universels, on ne trouve que des poisons; vous êtes mille et mille fois plus heureux que moy; mon Etat de quinze Vingt n’est pas mon plus grand malheur; je me Console de ne rien voir, mais je m’afflige de ce que j’entend, et de ce que je n’entend pas; le goût est perdu, ainsy que le bon sens; cecy paroitra propos de vieille, mais non en vérité; mon âme n’a point vieillie; je suis touchée du bon et de l’agréable, autant et plus que je l’étois dans ma jeunesse; cela est vray.
Elles se bornent à une seule, elle est bien triste, c'est qu'il n'y a à le bien prendre qu'un seul malheur dans la vie, qui est celui d'être né.
Je le priois comme mon bon ange, mais monhttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF0870023_1key001cor/txt/001 mauvais ange par malheur est baucoup plus puissant que luy.
Madame de Robec a eu le malheur de protéger cette pièce et de la faire jouer.
J'ai peur de lui avoir porté malheur; je souhaitte qu'il finisse sa vie aussi sagement et aussi tranquilement que moi; mais il n'en fera rien.
S'il lui arrive le moindre malheur je le mettrai aux nues.
Je ne veux point abuser de votre complaisance en vous priant de m'écrire souvent, vous avez de bien meilleurs emplois à faire de votre tems, et moi par la raison contraire, n'ayant rien àfaire Je n'ay aussy rien à dire; mes lettres ne seroient remplies que des traités sur l'ennuy, sur le dégoût du monde, sur le malheur de viellir; cela ne seroit il pas bien amusant?