J’ay eû un vray plaisir à faire les appliquations que vous avez eû en vue en composant votre pièce.
Non jamais mon ancien, mon bon amy Voltaire ne pouvoit prendre un tel travers avec moy; ce fâcher de ce que je n'ay pas étée Contente, de recevoir de francs Noëls, aulieu de Couplets dont mr. et md. de Choiseul fussent l'unique objet, ce vanter qu'ils ont été approuvés par une compagnie nombreuse et du meilleur Ton; me prêcher L'indulgence dont vous n'avés eû n'y n'auray jamais besoin, et dont assurément vous n'avés jamais donné l'exemple.
Je ne sçaurois vous dire le plaisir que j'ay eû de trouver dans Candide tout le mal que vous dites de Miltonhttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1040423_1key001cor/nts/003. J'ay crû avoir pensé tout cela car je l'ay toujours eû en horreur; enfin quand je lis vos jugemens sur quelque chose que ce puisse être j'augmente de bonne opinion de moi même parce que les miens y sont absolument conformes. […] N'avez vous pas eû envie monsieur d'acheter une terre en Lorraine, cette terre n'étoit ce pas Craon?
à 3 heures après midy Rien n'est plus plaisant, comme J'en étois là de ma lettre Je reçois la vôtre du 8 avec Vos lettres à mrs Hûme et à Jean Jacques; Je vous en fais mille remerciemens, et Je suis reconnoissante de ce présent autant qu'il le mérite; Je vous ay dit tout le plaisir que J'ay eû, ainsy Je reprens où J'en étoit. […] Jacques, Vous avez eû tort, mais heureusement je l'avois.
Je prêcheray votre tolérance, Je vous le promet, Je m'y engage si vous m'accordez d'être intollerant sur le faux goût et sur le faux bel esprit qui établit aujourd'huy sa tirannie; donnez un moment de relâche à votre zèle sur l'objet où vous avez eû tant de succés, et arrêtez le progrès de l'erreur dans l'objet qui m'intéresse bien davantage.
http://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1250230b_1key001cor/txt/001 Je vois que J'ay eu tort, que J'ay fait une demande indiscrète, que J'ay eû trop de familiarité avec le grand Voltaire, et pour m'apprendre mon devoir il m'a fait répondre par l'abbé Pellegrin.
Je ne crois pas non plus à vos appoplexies; J'ay eû en même tems que vous presque la même indisposition, que J'ay regardé comme la suite de plusieurs mauvaises digestions, quoique j'eusse fait diette, ainsi que vous, la veille et la surveille; il me reste des étourdissements qui pourroient bien avoir un faux air de disposition appoplectique; mais qu'importe!
Paris ce 10 7bre 1764 Vous n'avez point eû de mes nouvelles monsieur, parce que depuis six semaines ou deux mois je suis noire comme de l'encre, ne prenant part à rien, m'ennuyant de tout, sans désirs, sans sentiment, et m'affligeant toujours du malheur d'être née; car quoique vous en puissiez dire c'est le seul véritable puisqu'il est le princippe et la cause de tout les autres, mais comme il est inutile de s'en affliger, il est ridicule de s'en plaindre.
Je ne puis exprimer le plaisir que J'ay eû; mais comme il Est écrit que Je ne sçaurois avoir de Joye parfaitte, il se trouve qu'il manque à la lettre sur mlle Lenclos depuis la page 12 jusqu'à la page 61 inclusivement; voyez quel malheur. […] Vous êtes un être bien singulier et telle qu'il n'y en a Jamais eû de semblables; Je me rappelle le tems de notre première connoissance, dont il y a en vérité près de 50 ans; tout ce que vous avez fait, tout ce que vous avez vû, tout ce qui vous est arrivé feroit une vie assez remplie pour deux ou trois cens hommes.
Mad. de Pompadour est très maladehttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1110267_1key001cor/nts/003; Je ne fermerai ma lettre qu'après avoir eû de ses nouvelles.
Jamais le gouvernement n'y consentira; Contenté vous de l'impression; vos Guebres sont dans les mains de tout le monde, et si vous Connoissiés nos Acteurs, vous verriés Combien ils vous sont inutiles; Ils n'ajoutent aucuns prestiges, à ce qu'ils représentent, tout au contraire, ils font voir le derrière des coulisses, et sentir tous les deffauts; vous ne pouvez être retenu par cette considération, J'en convient; mais Monsieur, vous voulés Etablir la tollerance, vous avez raison; Je voudrois que vous fussiés le premier à en ressentir les effets; pour y parvenir, prêchez la d'exemple, Contenté vous d'avoir montré la vérité, et laissé y tourner le dos à ceux qui ne la veulent point voir; vous avez tout dit; tenez vous en à ne vous pas dédire; et ne mettez point de nouveau obstacles à la chose du monde que je désire le plus, et sur laquelle J'ai eû une Conversation avec Madame Denishttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1190251_1key001cor/nts/002, dont elle vous rendra Compte.
Je n’ay Jamais eû tant de besoin des soins et des attentions de mes anciens amis; J’Eprouve ce qu’à dit St Lambert et qu’il a très bien dit sur celui qui a le malheur de viellir, Il voit autour de lui tout périr, tout changer, A la race nouvelle il se trouve étrangerhttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1240154_1key001cor/nts/003, &c.
Ce que nous admirons aujourd'huy, n'auroit pas eû de succès dans le tems des Cottins et des Colletet, et monsieur de Voltaire applaudit à un tel changement!
A L'égard de vos philosophes modernes, jamais il n'i a eû d'hommes moins philosophes et moins tolérans, ils Ecraseroient tout ceux qui ne se prosternent pas devant Eux.
Je crois que Monsieur Guillemet ne se flatte pas qu'on lui écrive des Gazette; d'ailleur ce n'est pas mon talent, et de plus, la nouvelle du jour, est détruite par celle du lendemain; il y à un livrehttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1190087_1key001cor/nts/003 icy qui fait beaucoup de bruit, dont il n'y à dit on que trois ou quatre exemplaires; je ne l'ay point encore lüe; on dit qu'il est de main de maitre; J'ay pris des mésures pour l'avoir; nous avons eû icy un opéra Comiquehttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1190087_1key001cor/nts/004 qui a un succès inoüy, c'est le déserteur, il vous ferois plaisir.
Tout cela sont des réflexions bien oiseuses, mais il est certain que si nous n'avions pas de plaisir il y a cent ans, nous n'avions ni peine ni chagrins, et des 24 heures de la Journé, celles où l'on dore me paraissent les plus heureuses; vous ne sçavez point et vous ne pouvez sçavoir par vous même quel est l'état de ceux qui pensent, qui réfléchissent, qui ont quelque activité, et qui sont en même tems sans talent, sans passion, sans occupation, sans dissipation, qui ont eû des amis, qui les ont perdus sans pouvoir les remplaçer; Joignez à cela de la délicatesse dans le goût, un peu de dicernement, beaucoup d'amour pour la vérité; crevez les yeux à ces gens là, et placez les au milieu de Paris, de Pekin, enfin où vous voudrez, et je vous soutiendrai qu'il seroit heureux pour eux de n'être pas né.
Je le sçay même par expérience; quand on a eû une grande maladie, qu'on a soufert de grandes douleurs, l'état où l'on se trouve dans la convalescence est un état très heureux.
Je comprend le plaisir que vous donne l'agriculture; si je n'étois pas aveugle je voudrois avoir une campagne, où il y eût un potager, une basse cour; J'ay toujours eû du goût pour tout cela; j'aimois aussy l'ouvrage, je n'hayssoit pas le Jeu; tout cela me manque, il ne me reste que la conversation; avec qui la faire?
Mais est il possible, mon cher Voltaire, que j’aye eû besoin de lui pour me rappeller à votre souvenir?