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2. (1770) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Je serai mort avant qu'il soit imprimé, attendu que de mes deux libraires l'un est devenu magistrat et ambassadeur, l'autre monte la garde continuellement, en qualité de major, dans le tripot de Genêve qu'on appelle République. […] Elle m'a comblé de grâces, elle m'a fait Capucin, elle a fait capitaine d'artillerie un hommehttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1200172_1key001cor/nts/002 que j'ai pris la liberté de lui recommander sans le connaître; elle a donné une pension à un médecinhttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1200172_1key001cor/nts/003 que je ne connais pas d'avantage et que je ne consulte jamais; et ce qui est le plus essentiel, elle m'a écrit des lettres charmantes; mais elle est devenue une cruelle, une perfide, qui m'abandonne dans ma plus grande détresse, dans une affaire très importante, dans une manufacture que j'ai établie et que j'ai mise sous sa protection.

3. (1769) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Je conçois bien à toute force qu'on soit fripon pour devenir pape ou Roi. Je conçois même qu'on se permette quelques petites perfidies pour devenir la maîtresse d'un Roi ou d'un pape; mais les méchancetés inutiles sont bien sottes; j'en ai vu beaucoup de ce genre en ma vie, mais après tout il y a de plus grands malheurs, et je n'en sais point de pires que la perte des yeux et de l'estomac.

4. (1760) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Mon dieu que le monde est devenu méchant!

5. (1759) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Le présidenthttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1040385_1key001cor/nts/006 se porte assés bien, mais il devient bien sourd, ce qui, joint avec l'âge qui avance, le rend souvent triste; il est cependant encore quelquefois assez gay, et alors il est cent fois de meilleur compagnie que ce qu'on appelle aujourd'huy la bonne compagnie; il n'y a plus de gaité monsieur, il n'i a plus de grâces; les sots sont plats et froids, ils ne sont point absurdes n'y extravagants comme ils étoient autrefois; les gens d'esprit sont pédans, corects, sentencieux; il n'i a plus de goût non plus, enfin il n'i a plus rien. Les têtes sont vuides et l'on veut que les bourses le deviennent aussy.

6. (1759) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Ce n'est pas que j'aie la vanité de me croire plus sage que ses habitans, mais je me suis fait une petite destinée à part, avec laquelle je ne puis regretter aucune des folies des autres, attendu que je suis trop occupé des miennes; je me suis avisé de devenir un être entièrement libre. […] En vérité, Madame, il n'y a pas moyen, tant je suis devenu hardi avec l'âge; je ne peux plus écrire que ce que je pense, et je pense si librement qu'il n'y a guères d'aparence d'envoyer mes idées par la poste. […] Vous avés étés gourmands, et, quand les gourmands sont devenus sobres, ils vivent cent ans.

7. (1766) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Enfin sans le Journal Enciclopédique Je ne sçaurois que devenir.

8. (1764) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Je deviens un instrument qui en affermit un autre, par lequel je serai raffermi à mon tour. […] Ma santé devient tous les jours plus mauvaise, tout le monde n'est pas comme Fontenelle.

9. (1772) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Je vais vous copier mot pour mot ce qu'elle m'a Ecrithttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1220357a_1key001cor/nts/002: 'Dites à mr de Voltaire ma chère petite fille que comme la disgrâce n'ôte pas le goût, nous avons conservés la même admiration pour lui, mais que la circonspection que notre position Exige ne nous permet pas d'être en commerce avec un homme aussi célèbre, et qu'elle nous fait désirer qu'il ne parle de nous ni en bien ni en mal dans aucuns de ses Ecrits publics ou qui peuvent le devenir; que son silence est le plus grand Egard qu'il puisse marquer à notre situation et la marque d'amitié qu'il puisse nous donner à laquelle nous serons le plus sensible.'

10. (1771) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Ma Catherine joue un autre rôle; il y a à parier qu’elle sera dans Constantinople avant la fin de l’année, à moins qu’Ali-bey ne la prévienne, et ne devienne son ennemi, ce qui pourait très bien arriver.

11. (1758) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

La France subsistera mais sa gloire, son bonheur, son ancienne supériorité, qu'es ce que tout cela deviendra?

12. (1769) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Vous ne me parlez Jamais de votre santé; dite moy, si vous prenez toujours de la casse, c'est le seul remède dont je fasse usage; mais depuis quelques tems je m'apperçois qu'elle me laisse quelques petites douleurs d'entrailles, et qu'elle ne remédie point à mes insomnies; nous devenons bien vieux, mon cher amy; vôtre âme ne vous en averty pas; la mienne ne vieillit pas à proportion de mon corps; ma mémoire cependant s'affoiblit beaucoup; celle du Président est presque totalement perdüe, ainsy que ses jambes; du reste il à fort bon visage, et dit quelques fois d'assez bonne choses;http://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1190112b_1key001cor/txt/001 ce seroit pour moy un Grand plaisir de me retrouver avec vous; si j'avois exécuté le projet que j'eux il y a quinze ans de m'établir en Province, Je vous aurois rendu des visites; mais aujourd'huy je suis trop vieille pour songer à changer de place; je resteray dans ma cellule, lisant vos ouvrages, vous Ecrivant quelques fois, et vous aimant jusqu'à mon dernier moment.

13. (1768) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Je vous ay l'obligation de me faire souvent prendre mon mal en patience; c'est à vous que J'ay recours quand Je ne sçay plus que devenir; Je rejette toute autre ressources, il n'y a point de lecture qui ne me fatigue au bout d'une demie heure, Je les rejette toutes et Je demande du Voltaire.

14. (1769) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Pour moi je suis si accablé de ma vieillesse et de mes maladies que je suis devenu absolument inutile.

15. (1770) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

De deux frères Libraires qui avaient longtems imprimé mes sottises l'unhttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1200122_1key001cor/nts/002 est devenu magistrat et est actuellement ambassadeur de la république à la cour, où il fera, dit-on, beaucoup d'impressionhttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1200122_1key001cor/nts/003.

16. (1772) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Je n’ay point entendû parler de lui depuis la lettre où il m’en demandoit une pour vous; si vous sçavez où il est et ce qu’il devient, vous me ferez plaisir de me l’apprendre.

17. (1759) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Ditesmoi donc, s'il vous plait, où vous trouverez une histoire plus intéressante que celle de Joseph, devenu contrôleur général en Egypte, et reconnaissant ses frères? […] Tout roman devient insipide auprès de L'Arioste, tout est plat devant lui, ainsi que la traduction de nôtre Mirabaudhttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1040397b_1key001cor/nts/002. […] J'avais donné par dépit l'esquisse de cette histoire, parce qu'on en avait imprimé déjà quelques fragments, mais je suis devenu depuis plus hardi que je n'étais; j'ai peint les hommes comme ils sont.

18. (1764) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Aucun livre ne peut entrer par la poste en France sans être saisi par les commis, qui se font depuis quelque temps une assez jolie Bibliothèque, et qui deviendront en tout sens des gens de Lettres.

19. (1764) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Le président se porte à merveille, son goût pour le monde ne s'affoiblit point, il est toujours fort recherché parcequ'il est toujours fort aimable, mais il devient fort sourd.

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