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2. (1766) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Je m'occupais de votre idée lorsque j'ai reçu votre lettrehttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1140134_1key001cor/nts/001; je me prouvais à moi même que les notions sur lesquelles les hommes different si prodigieusement ne sont point nécessaires aux hommes, et qu'il est même impossible qu'elles nous soient nécessaires par cette seule raison qu'elles nous sont cachées. […] Ai je bien pris votre idée, madame? […] Il me vient très souvent entre mes rideaux, des idées qui s'enfuient au grand jour.

3. (1766) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Madame, ne vous vient-il pas quelquefois cent idées sur l'éternité du monde, sur la matière, sur la pensée, sur l'espace, sur l'infini? […] 20e fév: Dans le temps que ma Lettre allait partir, je reçois la vôtre du 13 fév: Soiez sûre que je vous écrirai toutes les fois qu'il me viendra des idées qui me paraîtront faittes pour vôtre belle imagination et pour la justesse de vôtre esprit, c'est à dire que je vous donnerai ces idées à rectifier, car autrement je ne serais pas si hardi.

4. (1766) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Quelque puériles qu'ils soyent par eux mêmes, il est naturel que nous en soyons plus affectés que d'idées vagues qui sont pour nous le cahos ou même le néant. Pour moi monsieur Je l'advoüe, je n'ay qu'une pensée fixe, qu'un sentiment, qu'un chagrin, qu'un malheur, c'est la douleur d'être née; il n'i a point de rôle qu'on puisse joüer sur le théâtre du monde, auxquels Je ne préférasse le néant; et ce qui vous paroitra bien inconséquend, c'est que quand J'aurois la dernière Evidence d'y devoir rentrer je n'en aurois pas moins d'horreur pour la mort; expliquez moi à moi même, Eclairez moi, faites moi part des vérités que vous découvrirez, enseignez moi le moyen de supporter la vie, ou d'en voir la fin sans répugnancehttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1140117_1key001cor/nts/001; vous avez toujours des idées claires et Justes, il n'i a que vous avec qui Je voudrois raisonner, mais malgré l'opinion que J'ay de vos lumières je seray fort trompé si vous pouvez satisfaire aux choses que je vous demande.

5. (1768) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Si votre ami avait lu cela et bien d'autres choses faites comme cela, il ne serait pas tourmenté sur la fin de sa vie par les idées les plus absurdes et les plus détestable que la fureur et la folie aient jamais inventées; il changerait avec tous les honnêtes gens de l'Europe qui ont changé.

6. (1734) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

et comment me la duchesse de Villarshttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF0870023_1key001cor/nts/001 qui aime tant les idées innées trouvera t'elle la hardiesse que j'ay eüe de traiter ses idées innéeshttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF0870023_1key001cor/txt/002 de chimère?

7. (1774) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Je soulignes ces deux mots, parceque vous me paroissez persuadé que j'y attache une Grande idée.

8. (1773) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Il me semble que quand on rampe dans un petit coin de nôtre occident, et quand on n’a que deux jours à vivre, c’est une consolation de laisser promener ses idées dans l’antiquité, et à six mille lieues de son trou. […] Le commerce des idées est de contrebande.

9. (1764) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Sentiments, passions, goûts, talents, manière de penser, de parler, de marcher, tout nous vient je ne sçais comment, tout est comme les idées que nous avons dans un rêve, elles nous viennent sans que nous nous en mêlions. […] Vous ne prendriez point vos idées ailleurs que chez vous, vous ne chercheriez point à vous tromper vous même.

10. (1772) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Les idées m’en paraissent très plausibles, et c’est à quoi je me tiens. […] J’ai été désolé de l’idée qu’on a eue que j’ai pu changer de sentiment.

11. (1765) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Je ne regarde la vie que comme un songe; mais de toutes les idées flatteuses qui peuvent nous bercer dans ce rêve d'un moment, comptez que l'idée de vôtre mérite, de vôtre belle imagination et de la vérité de vôtre caractère, est ce qui fait sur moi le plus d'impression. J'aurai pour vous la plus respectueuse amitié jusqu'à l'instant où l'on s'endort véritablement pour n'avoir plus d'idées du tout.

12. (1764) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Cette idée est plus vraie que consolante.

13. (1770) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Cette idée redouble mon chagrin de ne vous point voir, et de me dire que peut être je ne vous reverrai jamais.

14. (1771) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Vous me laissez deviner tout ce que vous pensez; mais pardonnez moi aussi mes idées.

15. (1772) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Il disait que nos sensations sont aussi difficiles à concevoir que nos pensées; qu’il n’est pas plus difficile à la nature, ou à l’auteur de la nature, de donner des idées à un animal à deux pieds appellé homme, que du sentiment à un ver de terre. […] Son opinion était que cette idée console de tous les chagrins de la vie, parce que tous ces prétendus chagrins ont été inévitables.

16. (1764) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Quant à la mort, raisonnons un peu, je vous prie: il est très certain qu'on ne la sent point, ce n'est point un moment douloureux, elle ressemble au sommeil comme deux goutes d'eau, ce n'est que l'idée qu'on ne se réveillera plus qui fait de la peine, c'est l'appareil de la mort qui est horrible, c'est la barbarie de l'extrême onction, c'est la cruauté qu'on a de nous avertir que tout est fini pour nous. […] Le nombre prodigieux de fautes contre la langue, contre la netteté des idées et des expressions, contre les convenances, enfin contre l'intérêt, m'a si fort épouvanté, que je n'ai pas dit la moitié de ce que j'aurais pu dire.

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