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2. (1769) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

J'ay un vray chagrin de perdre cette espérance; vous auriez trouvé d'anciens et véritables amis, vous auriez fait une immensité de nouvelles connoissances, le petit nombre de gens d'esprit et la multitude de ceux qui y prétendent; vous auriez entendû Hamelethttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1190296a_1key001cor/nts/001, que vous n'auriez pas reconnû; de Jolis operas comiques, qui vous charmeroient; vous auriez trouvé à ce spectacle des acteurs parfait; partout ailleurs d'abominables, excepté Molé et Preville; vous auriez vû ma grand maman, et malgré toute l'humilité qu'elle professe elle n'auroit pas résisté au plaisir de faire connoissance avec mr Guillemet.

3. (1770) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Mais se retirer de la foule pour faire du bien, encourager des arts nécessaires, être supérieure à son rang par ses actions comme par son esprit, n'estce pas la véritable philosophie?

4. (1764) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Vous ne pouviez vous empêcher de m'écrire la très philosophique et très triste Lettre que j'ai reçue de vous; et moi je vous écris nécessairement que le courage, la résignation aux loix de la nature, le profond mépris pour toutes les superstitions, le plaisir nôble de se sentir d'une autre nature que les sots, l'exercice de la faculté de penser sont des consolations véritables. […] http://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1110386b_1key001cor/txt/015Soyez bien persuadée du véritable intérêt que mon cœur prend à vous, et de mon très tendre respect.

5. (1764) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Paris ce 10 7bre 1764 Vous n'avez point eû de mes nouvelles monsieur, parce que depuis six semaines ou deux mois je suis noire comme de l'encre, ne prenant part à rien, m'ennuyant de tout, sans désirs, sans sentiment, et m'affligeant toujours du malheur d'être née; car quoique vous en puissiez dire c'est le seul véritable puisqu'il est le princippe et la cause de tout les autres, mais comme il est inutile de s'en affliger, il est ridicule de s'en plaindre.

6. (1758) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

L'estime véritable et tendre que j'ay toujours eue pour luy me fait souhaitter passionément qu'il ne m'oublie pas.

7. (1770) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Je n’aspire point à une parfaite santé ni à aucun plaisir; Je supporteroit patiemment mon état actuel qui aux yeux de tout le monde paroit bien malheureux si J’avois un ami véritable.

8. (1770) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Mon cœur en a senti la cause véritable, On n'y parle point d'amitié.

9. (1772) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Ah si on avoit un véritable ami, on ne seroit pas dans cette indécision; mais c’est la pierre philosophale, on se ruine dans cette recherche; aulieu de remèdes universels, on ne trouve que des poisons; vous êtes mille et mille fois plus heureux que moy; mon Etat de quinze Vingt n’est pas mon plus grand malheur; je me Console de ne rien voir, mais je m’afflige de ce que j’entend, et de ce que je n’entend pas; le goût est perdu, ainsy que le bon sens; cecy paroitra propos de vieille, mais non en vérité; mon âme n’a point vieillie; je suis touchée du bon et de l’agréable, autant et plus que je l’étois dans ma jeunesse; cela est vray.

10. (1763) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Ce n'est point par une vaine curiosité que je vous prie de m'informer de vos motifs, mais par L'intérest véritable que je prend à vous; oui monsieur de Voltaire, rien n'est si vray, je suis et seray toujours La meilleure de vos amis.

11. (1760) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Si vous me traitiez comme vous devez, c'est à dire comme votre véritable amie, ne devrois-je pas recevoir de vous même ce que vous envoyez certainement à d'autres?

12. (1770) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Ce Dimanche 24e Juin 1770 Si je ne vous ay pas Ecrit plûtôt, c'est que J'attendois toujours que la grand maman, me dicta quelques choses pour vous; Je l'en ay pressée, mais elle est dans une paresse d'esprit, dont on ne peut la tirer; elle s'en rapporte à moy pour vous dire, tout ce qu'elle pense pour vous; Je seray donc son indigne interprette mais J'auray le mérite de vous dire la vérité, en vous assurant que ses sentimens ne se bornent point à l'admiration et à l'estime, qu'elle y joint une très véritable amitié; elle voudroit vous satisfaire sur toutes les choses que vous désiré, et nommément sur votre affaire de st Claude; elle trouve la cause que vous deffandé très juste; mais elle ne peut vous secondez que par ses représentations et ses sollicitations; elle est aussy reconnoissante et aussy contante que moy, des Cahiers que vous nous envoyé, et nous vous prions de continuer; Je seray encore du tems sans revoir cette grand maman; elle ne reviendra que le dixsept ou le dixhuit de Juillet; et peu de jours après, elle partira pour Compiegne; La vie se passe en abscence, on est toujours, entre le souvenir et l'espérance; on ne jouïs Jamais; si du moins on pouvois dormir, ce ne seroit que demy mal; dormez vous, mon cher Voltaire?

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