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11. (1766) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Je n'envisage point sans une extrême amertume, la nécessité de mourir sans m'être entretenu quelques jours avec vous, c'eût été ma plus chère consolation.

12. (1768) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Denis; satisfaite moy aujourd'huy sur un bruit qui court, et que je ne sçaurois croire; on dit que vous vous êtes confessé et que vous avez communiéz; on l'affirme comme certain; vous devez à mon amitié cet aveü; et de me dire qu'elle ont été vos motifs, vos pensées;http://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1170268_1key001cor/nts/001 comment vous vous en trouvez aujourd'huy; et si vous vous en tiendrez à la ste Table, ayant réformé la vôtrehttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1170268_1key001cor/nts/001; j'ay la plus extrême curiosité de sçavoir la vérité de ce fâite; si il est vray, quel trouble vous allez mettre dans toutes les Têtes!

13. (1773) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Vous vous attendez bien que Je ne m’ingéreray pas à Juger les faits, mais J’auray un plaisir extrême à vous entendre plaider, et il me seroit bien dificile de ne me pas ranger de votre avis; J’en suis déjà sur ce qui regarde mr de Lally; sans aucune estime pour lui J’ay toujours pensé qu’il ne méritoit pas un tel traitement.

14. (1770) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Vous lui en parlerez si vous voulez, Madame; mais pour moi Dieu m'en garde; j'ai trop abusé de ses extrêmes bontés.

15. (1767) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

J'ay la plus Extrême impatience de l'avoir.

16. (1769) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Huet, il n'y a que luy qu'on puisse vous préférer; J'approuve le jugement qu'il porte de Montesquiou; il révolte plusieurs personnes; mais l'extrême admiration qu'on a pour ce bel Esprit ressemble assez à la vénération qu'on a pour les choses sacrée, qu'on respecte d'autant plus que l'on ne les comprend pas; Il y a un petit indouze, dont le titre est: Génie de Montesquiouhttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1180258b_1key001cor/nts/003; il y a quelques traits brillants, trasendants, mais quantité d'autres infiniment obscurs, inintelligibles, des Lieux communs, des pensées fausses; Jamais, jamais je ne souffrirez patiamment qu'on mette en paralelle Mr. de Montesquiou avec Messieurs Huet, et Guillemet; La Grand Maman est bien de cet avis; vous l'adoreriés si vous la Connoissiés, cette Grand Maman; vous êtes bien souvent le sujet de nos Conversations; elle voudroit que vous abandonnassiés La Bletterie, mais elle ne peut s'empêcher de rire de tout ce qu'il vous fournit de plaisant.

17. (1764) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Quant à la mort, raisonnons un peu, je vous prie: il est très certain qu'on ne la sent point, ce n'est point un moment douloureux, elle ressemble au sommeil comme deux goutes d'eau, ce n'est que l'idée qu'on ne se réveillera plus qui fait de la peine, c'est l'appareil de la mort qui est horrible, c'est la barbarie de l'extrême onction, c'est la cruauté qu'on a de nous avertir que tout est fini pour nous.

18. (1769) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

N'avez vous jamais entendu parler d'un nommé Le Bret, trésorier de la marine que j'ai fort connu, et qui en voiageant se faisait donner l'extrême onction dans tous les cabarets?

19. (1769) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Soiez très sûre, madame, que vos Lettres ont fait de mon envie extrême de vous revoir une très grande passion.

20. (1759) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

J'avais un souverain mépris pour Rabelaishttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1040397b_1key001cor/nts/006; je l'ai relu depuis; et comme j'ai plus aprofondi toutes les choses dont il se mocque, j'avoüe qu'aux bassesses près, dont il est trop rempli, une bonne partie de son Livre m'a fait un plaisir extrême: si vous en voulez faire une étude sérieuse, il ne tiendra qu'à vous, mais j'ai peur que vous ne soyez pas assez savante, et que vous ne soyez trop délicate.

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