Je prêcheray votre tolérance, Je vous le promet, Je m'y engage si vous m'accordez d'être intollerant sur le faux goût et sur le faux bel esprit qui établit aujourd'huy sa tirannie; donnez un moment de relâche à votre zèle sur l'objet où vous avez eû tant de succés, et arrêtez le progrès de l'erreur dans l'objet qui m'intéresse bien davantage.
Les chagrins et l'ennuy qui tourmentent finiront bientôt; Je sent souvent du regrets de n'avoir pas étée m'établir à Geneve, dans le tems que J'étois dans le voisinage; Je me serois trouvée dans le vôtre, mais il faut chasser toutes ces pensées, et se contenter de brouter le foin au travers duquel on est placé.
Ils m’en ont fait beaucoup, et j’ai bien peur que celà ne dérange la pauvre petite colonie que j’avais établie au pied des Alpes.
Le Roy s'établit demain à Marly; Il a ordonné à son Capitaine des garde, et à son premier gentilhomme de La chambre de ne laisser approcher de Marly, aucune personne qui n'auroit point eu la petite Vérole.
Il avait une pitié charmante pour ma curiosité; il me donnait des thèmes toutes les semaines; il égayait le sérieux de ma vie, car je suis très sérieux; je fais mes moissons, je plante, je bâtis, j'établis une colonie qu'on va peut-être détruire.
Vous ne me parlez Jamais de votre santé; dite moy, si vous prenez toujours de la casse, c'est le seul remède dont je fasse usage; mais depuis quelques tems je m'apperçois qu'elle me laisse quelques petites douleurs d'entrailles, et qu'elle ne remédie point à mes insomnies; nous devenons bien vieux, mon cher amy; vôtre âme ne vous en averty pas; la mienne ne vieillit pas à proportion de mon corps; ma mémoire cependant s'affoiblit beaucoup; celle du Président est presque totalement perdüe, ainsy que ses jambes; du reste il à fort bon visage, et dit quelques fois d'assez bonne choses;http://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1190112b_1key001cor/txt/001 ce seroit pour moy un Grand plaisir de me retrouver avec vous; si j'avois exécuté le projet que j'eux il y a quinze ans de m'établir en Province, Je vous aurois rendu des visites; mais aujourd'huy je suis trop vieille pour songer à changer de place; je resteray dans ma cellule, lisant vos ouvrages, vous Ecrivant quelques fois, et vous aimant jusqu'à mon dernier moment.
Jamais le gouvernement n'y consentira; Contenté vous de l'impression; vos Guebres sont dans les mains de tout le monde, et si vous Connoissiés nos Acteurs, vous verriés Combien ils vous sont inutiles; Ils n'ajoutent aucuns prestiges, à ce qu'ils représentent, tout au contraire, ils font voir le derrière des coulisses, et sentir tous les deffauts; vous ne pouvez être retenu par cette considération, J'en convient; mais Monsieur, vous voulés Etablir la tollerance, vous avez raison; Je voudrois que vous fussiés le premier à en ressentir les effets; pour y parvenir, prêchez la d'exemple, Contenté vous d'avoir montré la vérité, et laissé y tourner le dos à ceux qui ne la veulent point voir; vous avez tout dit; tenez vous en à ne vous pas dédire; et ne mettez point de nouveau obstacles à la chose du monde que je désire le plus, et sur laquelle J'ai eû une Conversation avec Madame Denishttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1190251_1key001cor/nts/002, dont elle vous rendra Compte.
Je ne sais si vous savez que j'ai recueilli chez moi une centaine d'émigrants de Genêve, que je leur bâtis des maisons, que j'établis une manufacture de montres, et si le Roi ne nous accorde pas des privilèges qui nous sont absolument nécessaires, je cours risque d'être entièrement ruiné, surtout après les distinctions dont Mr l'abbé Terray m'a honoré.
Je me suis mis à établir une colonie; rien n’est plus amusant.
ne trouvé vous pas que la tolérance, la liberté, sont bien difficiles à Etablir?