Faisons la▶ paix mon cher Voltaire, je suis pénétrée de reconnoissance; vous êtes bon, Complaisant, et moy je suis une sotte impertinente.
Vous m'avez lavé ◀la▶ tête, je vous ◀le▶ pardonne, je ◀l'▶avois mérité. Je veux pourtant vous dire mes raisons; vos Couplets, quelque jolis qu'ils soyent, ne remplissoient point mon objet. Si vous aviés lû avec attention ma première et puis ma seconde lettre, vous auriés vu ce que je désirois. Il n'étoit question de Noël que pour ◀le▶ chant, et non pour aucunes allégories; ◀l'▶Etable et ◀la▶ ste famille n'avoient rien à démêler avec mon soupéz et ma compagnie. Mais n'en parlons plus. Vos Noëls serons chantés samedy. Ils serons trouvés très bons, et je me garderay bien de dire que J'ay osée ◀les▶ critiquer.
Mais Dites moy Monsieur, si c'est tout de bon que vous êtes fâché. Comment mon mécontentement et mes Critiques ne vous ont ils pas fait rire? Ne devoient ils pas vous prouver combien je vous croiois audessus d'en pouvoir être offensé? Croyé vous que j'en usse usé de même, avec ◀les▶ Marmontels, ◀les▶ Dorats, ◀les▶ Colardeaux &c. &c. &c? Je m'en serois bien gardée; mais finissons tout cela.
Quelle est donc ◀la▶ cruelle affaire qui vous occuppe et vous tourmente? Est ce celle de ce jeune homme pour qui nous sollicitons? seroisce quelqu'autres choses qui vous fût personnel? Tirez moy d'inquiétude tout au plus vite. Je vous aime tendrement, je m'intéresse sensiblement à tout ce qui vous regarde. Mandé moy aussi s'il est vray que vous reviendray icy au mois de mars? Ne me laissé point ignorer ◀la▶ chôse qui me ferois ◀le▶ plus de plaisir.
Adieu mon cher Voltaire, je voudrois bien que nous puissions nous embrasser encore une fois avant nôtre entière séparation.
Je viens de lire une brochure de soixante et trois pages. Si elle n'est pas de vous, ou si vous ne voulé pas qu'on vous en Croye ◀l'▶auteur, Je consentirois bien volontiers qu'on pût me soupçonner de ◀l'être.