J'ai été très mal, Madame, depuis près d'un mois; je le▶ suis encor, et je ne sais trop comment je suis en vie.
Je crois qu'il est arrivé ◀la▶ même chose à Don Pedre qu'à moi. Cependant je vous envoie une seconde édition, parce que j'aprends dans mon lit qu'il n'y a plus d'éxemplaires de la première à Geneve. Tout est allé, je crois, à Paris. Vous recevrez probablement ◀l'▶éxemplaire de ◀l'▶édition nouvelle par Mr D'Ogny.
Je vous conseille de ne vous jamais faire lire de vers; car outre qu'on en est fort las, ils sont trop difficiles à lire; vous trouverez mieux Vôtre compte avec de ◀la▶ prose. Je vous prie même de lire une note qui se trouve à ◀la▶ fin de ◀la▶ Tactique dans ◀le▶ même recueil. Elle est assez intéressante pour ceux qui n'aiment pas qu'on égorge ◀le▶ genre humain pour de ◀l'▶argent.
◀Le▶ nombre infini de maladies qui me tuent est assez grand, et nôtre vie assez courte pour qu'on puisse se passer du fléau de ◀la▶ guerre. Je finirai bientôt ma carrière au coin de mon feu; étendez ◀la▶ vôtre, Madame, aussi loin que vous ◀le▶ pourez. Jouïssez de tous ◀les▶ plaisirs que vôtre triste état vous permet. ◀Le▶ mot de plaisirs est bien fort; j'aurais dû dire consolations, et même consolations passagères; car il n'en reste rien lorsqu'au sortir d'un grand soupé on se retrouve avec soi même, et qu'on passe ◀la▶ nuit à se rappeller en vain ses premiers beaux jours. Tout est vanitéhttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1250345_1key001cor/nts/001, disait l'autre; et plût à Dieu que tout ne fût que vanité! mais ◀la▶ pluspart du tems tout est souffrance. J'en suis bien fâché, mais rien n'est plus vrai. Ma Lettre est un peu de Jérémie; j'aimerais mieux être Anacreon. Je vous prie de me pardonner mes lamentations, et de croire que ◀le▶ bonhomme Jeremie au milieu de ses montagnes vous est aussi tendrement attaché que s'il avait ◀le▶ bonheur de vous voir tous ◀les▶ jours.