Il vous est Comode mon cher Voltaire, de vous persuader que Je n’aime pas les▶ Encyclopédies; cela vous dispense de m’envoyer ◀la▶ vôtre, que J’aurois indépendamment de vous si on ◀la▶ trouvoit icy; Je n’aime point ◀la▶ sçience, ◀la▶ morale, ◀la▶ méthaphisyque in folio; je ne sçaurois admirer n’y me soumettre à ◀l’▶hotorité et à ◀l’▶importance de certains auteurs; sy J’ay tort est ce à vous de m’en punir, quand c’est à vous à qui il faut s’en prendre du peu de respect que J’ay pour ses messieurs, c’est vous qui m’avez formé ◀le▶ goût; leurs opinions peuvent être semblables aux vôtres, et je ◀les▶ adoptent volontiers; mais dans ◀la▶ forme et ◀la▶ manière ils ne vous ressemblent assurément pas.
Monsieur Walpole qui est un de vos grands admirateurs, veut que je vous dise qu’il est infiniment flatté de ◀l’▶honneur que vous lui faite, qu’il ne ce seroit jamais attendu à être cité par vous, et que ◀les▶ louanges que vous lui donnés C’est vous qui ◀les▶ lui faites mériter; ce sont vos ouvrages qu’il lit sans cesse; c’est ◀l’▶admiration qu’ila de votre stile, quiforme le sien; mais il n’a pas cependant ◀la▶ présomption de ◀le▶ croire Encore assez bons, pour oser vous faire lui même ses remerciements; il veut qu’ils passent par moy; J’y souscrit en enfant perdû, sans craindre ◀la▶ critique, parce que je suis fort audessous de ◀la▶ prétention; C’est votre amitié que je veut mon cher Voltaire, et pour nouvelle preuve vôtre encyclopédie; vous ne devez pas Ecrire un mot sans m’en faire part; envoyé moi donc, incessamment, cette Encyclopédie affin de pouvoir ◀la▶ porter à Chanteloup, où j’espère aller au commencement de septembre; vous n’aurez ni rimes ni raisons de moy, que vous ne m’ayés accordé ma demande.
Il me semble que vous m’aviés donné ◀l’▶espérance de venir faire un tour icy; il n’i a point de tems où je ne vous désire; mais dans ce moment cy, je vous désirerois plus que dans tout autres; vous feriés connoissance avec Mr. Walpole, et je suis persuadée que vous seriés fort contant l’un de l’autre; et moy je ◀le▶ serois infiniment de me trouver entre vous deux; mais Vanité des Vanités Tout n’est que Vanitéhttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1220038_1key001cor/nts/001; J’en excepte ◀l’▶amitié, que je crois quoi qu’on en dise, ◀le▶ plus grand bien de ◀la vie.