Vous êtes un grand et aimable enfant madame.
Comment n'avez vous pas senti que je pense comme vous? Mais songez que je suis d'un parti, et d'un parti persécuté, qui tout persécuté qu'il est, a pourtant obtenu à la▶ fin ◀le▶ plus grand avantage qu'on puisse avoir sur ses ennemis, celuy de ◀les▶ rendre à la fois ridicules et odieux. Vous sentez donc ce qu'on doit aux gens de son party. Monsieur ◀Le▶ duc d'Orleans disait qu'il fallait avoir ◀la▶ foy des bohemes.
Je ne sçais si vous avez vu une lettre de moy au Roy de Pologne Stanislas. Elle court ◀le▶ monde. C'est pour ◀le▶ remercier d'un livre qu'il a fait de moitié avec ◀le▶ cher frère Menou, intitulé, ◀l'▶ incrédulité combattue par ◀le▶ simple … bon sens. Si vous ne ◀l'▶avez point je vous ◀l'▶enverrai, et je chercherai d'ailleurs madame tout ce qui poura vous amuser. Car c'est à ◀l'▶amusement qu'il faut toujours revenir, et sans ce point là ◀l'▶existence serait à charge. C'est ce qui fait que ◀les▶ cartes employent ◀le▶ loisir de ◀la▶ prétendue bonne compagnie d'un bout de ◀l'▶Europe à l'autre, c'est ce qui fait vendre tant de romans. On ne peut guères rester sérieusement avec soy même. Si ◀la▶ nature ne nous avait fait un peu frivoles, nous serions très malheureux. C'est parce qu'on est frivole, que ◀la▶ plus part des gens ne se pendent pas.
Je vous adresserai dans quelque temps un exemplaire de ◀l'▶empire de touttes ◀les▶ Russies. Il y a une préface à faire pouffer de rire qui vous consolera de ◀l'▶ennuy du livre. Adieu madame. Je suis malade, portez vous bien, soyez aussi guaie que votre état ◀le permet et ne boudez plus votre ancien ami qui vous est tendrement attaché pr toujours.