Vraiment, Madame, je me suis souvenu que je connaissais votre Danoishttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1220389_1key001cor/nts/001; je l’avais vu, il y a longtemps, chez Madame de Bareith, mais ce n’était qu’en passant; je ne savais pas combien il était aimable.
Il m’a semblé que M. de Bernstorf, qui se connaissait en hommes, l’avait placé à Paris; & que ce pauvre Struenzée, qui ne se connaissait qu’en Reines, l’avait envoyé à Naples. Je ne crois pas qu’il ait beaucoup à attendre actuellement du Dannemarck, ni du reste du monde: sa santé est dans un état déplorable; il voyage avec deux Malades qu’il a trouvés en chemin. Je me suis mis en quatrième, & leur ai fait servir un plat de▶ pilules à souper, après quoi je les ai envoyés chez Tissot, qui n’a jamais guéri personne, & qui est plus malade qu’eux, en faisant ◀de▶ petits livres ◀de▶ médecine.
Ce monde cy est plein, comme vous savés, ◀de▶ charlatans en médecine, en morale, en théologie, en politique, en philosophie. Ce que j’ai toujours aimé en vous, Madame, parmi plusieurs autres genres ◀de▶ mérites, c’est que vous n’êtes point charlantane. Vous avés ◀de▶ la bonne-foi dans vos goûts & dans vos dégoûts, dans vos opinions & dans vos doutes. Vous aimés la vérité, mais l’attrape qui peut. Je l’ai cherchée toute ma vie sans pouvoir la rencontrer; je n’ai apperçu que quelque lueur qu’on prenait pour elle. C’est ce qui fait que j’ai toujours donné la préférence au sentiment sur la raison.
Apropos ◀de▶ sentiment, je ne cesserai jamais ◀de▶ vous répéter ma profession ◀de▶ foi pour votre grand-maman. Je vous dirai toujours qu’indépendament ◀de▶ ma reconnaissance qui ne finira qu’avec moi, elle & son mari sont entièrement selon mon coeur.
N’avés-vous jamais vu la Carte du Tendre dans Cleliehttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1220389_1key001cor/nts/002? Je suis pour eux à Tendre sur enthousiasme, j’y resterai. Vous savés aussi, Madame, que je suis pour vous, depuis vingt ans, à Tendre sur Regrets. Vous savés quelle serait ma passion ◀de causer avec vous; mais j’ai mis ma gloire à ne pas bouger; & voilà ce que vous devriés dire à votre grand-maman.
Adieu, Madame. Mes misères saluent les vôtres, avec tout l’attachement & toute l’amitié imaginables.