(1775) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire
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(1775) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Je suis ravie que vous aimiés Quinault, et que vous lui accordiés la seconde place.
La première dans aucuns genre ne peut plus être vacante, vous y avez mis bon ordre. Vous vous trompé si vous croiez qu'Eglée n'a plus rien à vous dire; Elle auroit mille chôses à vous raconter si elle pouvait vous parler, mais par lettres on a trop de confident. Je suis très persuadée mon cher Voltaire, que nous serions souvent d'accord. Je n'ay point ajouté foy à vos nouvelles Dignités, J'ay fait semblant de les croires pour vous agacer, cela m'a réussi, j'en suis fort aise. Je ne crois pas non plus à vos appoplexies; J'ay eû en même tems que vous presque la même indisposition, que J'ay regardé comme la suite de plusieurs mauvaises digestions, quoique j'eusse fait diette, ainsi que vous, la veille et la surveille; il me reste des étourdissements qui pourroient bien avoir un faux air de disposition appoplectique; mais qu'importe! Il faut finir, cette manière n'est peut être pas la pîre. Vous allez avoir dit on encore un archevèquehttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1260267_1key001cor/nts/001 pour Confrère. N'êtes vous pas charmé que vôtre académie ce remplisse de personnages aussy édifiant, de nouveaux Bossuet et Fenelon? Il n'y aura pas de Combats entre eux pour de nouvelles hérésiés.

Ah! c'est bien moi qui ay des regrets de ne pouvoir espérer de vous revoir; mais c'est peut être tant mieux, vous m'auriés trop attachée à la vie. Ecrivés moi souvent, je voudrais avoir de vos lettres tout les jours, elles m'afermissent dans le bon goût, que l'on attaque de toutes parts.

Tout Chanteloup arrivera la semaine prochaine; c'est une grande Joye pour moi, Je montreray vôtre dernière lettre et je parleray beaucoup de vous.