Après avoir attendus bien longtems, j'ay enfin reçus vos derniers ouvrages.
J'espère qu'il n'en sera pas de même à l'avenir, et que vous voudray bien vous servir de▶ l'adresse que je vous ay indiquée.
Vous vous douté bien que je suis parfaitement contente ◀de▶ vôtre prose et ◀de▶ vos vers; vous êtes et vous seray toujours le même; vous dites que votre Corps s'affoiblit, vôtre âme s'en mocque, et elle Conserve la même force et la même chaleur qu'elle avoit à vingtcinq ans. Je voudrois envérité mettre sur vôtre tête les années qui me restent, vous en feriés bon usage, et celuy que J'en fais est déplorable; Je sent tout le malheur qu'il y a ◀de▶ n'avoir rien acquis dans sa Jeunesse; on ne vit dans sa viellesse que sur le bien ◀d'▶autruy, et l'on en sent ◀d'▶autant plus sa misère; mais que faire à cela mon cher ◀Voltaire▶? Les chagrins et l'ennuy qui tourmentent finiront bientôt; Je sent souvent du regrets ◀de▶ n'avoir pas étée m'établir à Geneve, dans le tems que J'étois dans le voisinage; Je me serois trouvée dans le vôtre, mais il faut chasser toutes ces pensées, et se contenter ◀de▶ brouter le foin au travers duquel on est placé.
Souvenez vous quelque fois ◀de▶ vôtre contemporaine; consolez là, aidez luy à trainer les tristes restes ◀de▶ sa vie.
Je ne vous parle point des nouveautés, des moishttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1250365b_1key001cor/nts/001 ◀de▶ Mr Durocher, du Menzikoffhttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1250365b_1key001cor/nts/002 ◀de▶ Mr de Laharpe, vous les aurez sans doute reçûs.
Il se trouve quelquefois chez moy des gens qui se piquent ◀de▶ grammaire. On y agita dernièrement cette question:
une personne qui veut rendre compte ◀de▶ son Etat peut elle dire, ‘J'ay été très mal, et je le suis encore’?
On demande s'il y a faute dans cette façon ◀de parler; et en quoy elle consiste?