(1773) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand
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(1773) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Eh bien, Madame, que dites vous à présent de la cabale abominable qui poursuivait Mr De Morangiéshttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1240117a_1key001cor/nts/001?
que dites vous en tout genre de ce monstre énorme qu’on appelle le public, et qui a tant d’oreilles et de langues, http://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1240117a_1key001cor/txt/001et tanthttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1240117a_1key001cor/txt/001 privé des yeux? Si vous avez perdu la vue du corps, et si je suis à peuprès dans le même état quand l’hiver aproche, il me semble que nous avons conservé, dumoins les yeux de l’entendement. Avouez que le parlement d’aujourd’hui répare les crimes que l’ancien a commis en assassinant juridiquement Lalli et le Chevalier de La Barre.

J’ignore si Mr D’Ogny vous a fait tenir les fragments sur l’Inde et sur ce malheureux Lalli. Ce petit ouvrage a quelque succez. Il est fondé dumoins sur la vérité, mais il vous faut des vérités intéressantes, et je voudrais que celles là pussent vous occuper quelques moments. Je voudrais surtout qu’une bonne santé vous rendit la vie suportable; si mes ouvrages ne le sont pas. Ma santé est horrible, et quand j’écris ce n’est qu’au milieu des souffrances.

Soiez bien sûre, Madame, que mes maux ne dérobent rien aux sentiments qui m’attachent à vous jusqu’au dernier moment de ma vie.

V.