(1772) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire
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(1772) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

N’allez pas croire que je vous suis fort obligée, ne vous attendez pas à des remerciemens; loin de vous en devoir, si nous étions dans le tems des actes des apôtres, vous moureriés subitementhttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1230124_1key001cor/nts/001.
Les pauvres gens qui subirent ce châtiment étoient moins coupables que vous.

Je vous nommeray dix personnes qui ont vôtre Epitre à Horace, vous m’en parlés, vous me l’offrez, vous n’attendez que mon consentement pour me l’envoyer; je me hâte de vous marquer mon empressement, vôtre réponse se fait attendre mille ans, et finit par être un refus; c’est là Comme vous traitéz vos amis, c’est à ceux qui vous déchirent les oreilles, c’est à ceux à qui vous devriés les tirer que vous communiquez ce que vous avez de plus précieux, que vous confiéz vos secrets, dont ils donnent des copies à tous leurs bons amis, dont je n’ay pas L’honneur d’être; pour dédomagement vous voulés bien me procurer d’entendre les loix de Minos. J’accepte cette faveur, mais elle ne répare point vos torts; et si vous vous souciéz d’estre bien avec moy, si vous vouléz que je ne vous croie pas un donneur de galbanum, vous m’enverrez sans tarder un moment, vôtre Epitre à Horace.

Je compte admettre à la lecture de vos loix de Minos Mr. et Md. de Beauveau, Mrs Crafurnthttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1230124_1key001cor/nts/002 et Pontdeveyle; ce dernier sera le porteur de vôtre billethttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1230124_1key001cor/nts/003; je n’en feray usage que vers le dix ou le douzehttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1230124_1key001cor/nts/004 du mois prochain; les Beauveaus ne reviendrons de Fontainebleau que dans ce tems là; vous voyez bien qu’il y a tout l’interval qu’il faut pour réparer vos torts, ce qui est fort important pour me rendre auditeur Bénévole.

Nous traiterons l’article de la grand maman une autre fois; mais pour le présent point de paix ni de trève que je n’aie vôtre Epitre; voilà quelles sont mes loix, quand vous les aurez exécutées je recevray celles de Minos, avec le respect, la soumission qu’elles méritent.

Adieu.