(1771) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire
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(1771) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

J’étois Etonnée de ne point avoir de vos nouvelles et J’allois vous en demander la raison quand J’aye reçû votre lettre du 16.
Vous êtes donc mon confrère en aveuglement. http://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1210330_1key001cor/txt/002Voilà une triste ressemblance; J’aimerois mieux en avoir d’autres et pouvoir Ecrire des Epitres aussi charmante que celles dont vous honorez les rois. D’où vient s’il vous plait ne m’avez vous point Envoyé celle au Roy de Danemarck?

Sçavez vous qu’il court ici plusieurs Ecrits qu’on dit être de vous, et qu’on a même Envoyé à Chanteloup. Je prétend qu’il n’en sont pas; ai-je tort, ai-je raison?http://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1210330_1key001cor/txt/003

Vous me devez mon cher Voltaire de me communiquer tout ce que vous faites, vous m’avez si bien traitée par le passé que J’aurois peine à m’accoutumer à aucun changement.

Je fûs l’autre Jour à L’accadémie, à la réception de mr Le p. de Beauvau et de mr Gaillard.http://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1210330_1key001cor/txt/002 Vous verrez incessamt tous les discours. Il y en Eût un de Mr Duclos qui est inéfable; c’est dommage qu’il ne soit pas imprimé; il ne s’en est Jamais Je crois prononcée en publique de ce genre. En qualité d’historiographe, il fit l’histoire de l’accadémie; il voulut être aussy plaisant et aussy Epigramatique que L’abbé de Voisnon; mais ce fut l’âne qui imitoit le petit chienhttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1210330_1key001cor/nts/001, il en rappella parfaitement la fable; ce qui tint lieu de celle de mr de Nivernois qui contre son ordinaire n’en récita point.

Voilà les nouvelles que vous aurez de moy; pour les autres Je ne les apprends que dans les gazettes; on n’est pas assez pressée de les sçavoir pour qu’on ne puisse pas les attendre quatres ou cinq Jours.

Quand vos neiges fondront vôtre vûe reviendra, il n’en est pas ainsy de moy.

Adieu mon cher Voltaire, mettez moi au fait de ce que Je dois croire et de ce que Je doit nier ou affirmer en sûreté de conscience.