(1770) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand
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(1770) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Vous avez vu, Madame, finir vôtre ami que vous aviez déjà perdu.
C'est un spectacle bien triste. Vous l'avez suporté pendant plus de deux années. Le dernier acte de cette fatale pièce fait toujours de douloureuses impressions. Je suis actuellement sans contredit le premier en date de vos anciens serviteurs. Cette idée redouble mon chagrin de ne vous point voir, et de me dire que peut être je ne vous reverrai jamais. Je regrete jusqu'au fond de mon cœur le président Hénaut. Je le rejoindrai bientôt, mais où et comment? On chantait à Rome sur le théâtre public devant quarante mille auditeurs, où va t-on après la mort? où l'on était avant de naitre http://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1210114a_1key001cor/nts/001.

On voudrait cuire aujourd'hui devant quarante mille hommes celui qui répèterait ce passage de Seneque. Nous sommes encor des polissons et des barbares. Il y a des gens d'un très grand mérite chez les Welches, mais le gros de la nation est ridicule et détestable. Je suis bien aise de vous le dire avec autant de franchise que je vous dis combien je vous aime, combien j'estime vôtre façon de penser, à quel point je regrete d'être loin de vous.

Je voudrais bien savoir s'il y a quelques particularités intéressantes dans le testament du présidenthttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1210114a_1key001cor/nts/002. Je serais bien fâché qu'il y eût quelque trait qui sentit encor le père de l'oratoire. Je voudrais que dans un testament on ne parlât jamais que de ses parents et de ses amis.

Adieu, Madame, conservez vôtre santé, et quelquefois même de la guaité; mais n'est pas guai qui veut, et ce monde, en général, ne réjouit guères les esprits bienfaits. Mille très tendres respects.

V.