(1768) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand
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(1768) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Puisque vous vous êtes amusée de celà, Madame, amusez vous de cecyhttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1180168_1key001cor/nts/002.
C'est un ouvrage de l'abbé Caille que vous avez tant connu et qui vous était bien tendrement attaché.

Eh pardieu, madame, comment pouvais-je faire avec le président? Mille gens charitables dans Paris m'attribuaient cet ouvrage contre lui; on me le mandait de tous côtés; jamais ragotin n'a été plus en colère que moi. Je n'ai découvert l'auteur qu'aujourd'hui après trois mois de recherches. Ce n'est point sans doute le marquis De Belesta, c'est un gentilhomme de sa province qu'on appelle aussi Monsieur Le marquis. Il est très profond dans l'histoire de France. C'est une espèce de comte de Boulainvilliers, très poli dans la conversation, mais hardi et tranchant la plume à la main. Il est bien injuste envers Monsieur le président Hénaut, et bien téméraire envers le petit fils de Sha-abashttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1180168_1key001cor/nts/003. Si j'ai assez de matériaux pour le réfuter j'en userai avec toute la circomspection possible. Je veux que l'ouvrage soit utile, et qu'il vous amuse. Il s'agit de Henri 4. J'ai quelques droits sur ces tems-là. Je compte même dédier mon ouvrage à l'académie française, parce que j'y prends le parti d'un de ses membres. La pluspart des gens voient déchirer leurs confrères avec une espèce de plaisir. Je prétends leur aprendre à vivre.

Vous savez sans doute que quand l'Evêque Dupui ennuiait son monde à st Denishttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1180168_1key001cor/nts/004, une centaine d'auditeurs se détacha pour aller visiter le tombeau de Henri 4. Ils se mirent tous à genoux autour du tombeau, et attendris les uns par les autres ils l'arrosèrent de larmes. Voilà une belle oraison funêbre et une belle anecdote. Celà ne tombera pas à terre.

Je me flatte, madame, que vôtre petite-mère n'a rien à craindre des sots contes qu'on débite dans Paris contre son mari que je regarde comme un homme de génie, et parconséquent comme un homme unique dans le petit siècle qui a succédé au plus grand des siècles.

Ouï, sans doute, la paix vaut encor mieux que la vérité. C'est à dire qu'il ne faut pas contrister son voisin pour des arguments. Mais il faut chercher la paix de l'âme dans la vérité et fouler aux pieds des erreurs monstrueuses qui bouleverseraient cette âme, et qui la rendraient le jouet des fripons.

Soiez très sûre qu'on passe des moments bien tristes à quatre vingt ans quand on nage dans le doute. Vos amis les Chaulieu et les St Aulaires sont morts en paix.