(1768) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire
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(1768) Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand to Voltaire

Ah J'ay un thème pour vous Ecrire, J'ay entre mes mains la copie de vôtre lettrehttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1180014_1key001cor/nts/001 à Mr Walpole.
C'est un chef d'œuvre de goût, de bon sens, d'esprit, d'Eloquence, de politesse, &c. &c. Je ne suis pas Etonnée des révolutions que vous faites dans tous les Esprits. Je ne vous parlerai plus de Lableterie, J'aurois voulû que vous n'en Eûssïez pas parlé. Quel mal peut il vous faire?

Né ministre du Dieu, qu'en ce temple on adore,

vous en êtes quite à bon marchez; ah qu'il vous seroit aisé de mépriser vos critiques! qu'est ce qui les Ecoute?

Je suis au comble de ma Joye; Je viens de recevoir pour bouquet de ma feste les sept premiers volumes de votre dernière Edition. Je m'en suis fait lire les tables. Tous vos ouvrages seront ils compris dans la suitte? Je ne veux que cette seule lecture et le Journal Enciclopédique pour avoir connoissance des autres livres, bien déterminée à n'en lire aucuns Entierrement. C'est mad. de Luxembourg qui m'a fait ce beau présent; Je ne vois, Je n'aime que Ceux qui vous admirent. Mr de Walpole est bien Convertihttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1180014_1key001cor/nts/002, il faut lui pardonner ses Erreurs passées; L'orgueil national est grand dans les Anglois, ils ont de la peine à nous accorder la supérioritez dans les choses de goût, tandis que sans vous nous reconnoitrions en Eux toute supériorité dans les choses de raisonnement.

Faites usage Je vous suplie du consentement de mad. La D. de Choiseul, envoyez moi sous son Enveloppe tout ce que vous aurez de nouveau. Il n'y a que vous qui me tiriez de L'ennuy; vous me plaignez sans cesse. Je vous diray comme Hilas dans Issé,

C'est une cruauté de plaindre

Adieu mon ancien ami, vous êtes ingrat si vous ne m'aimez pas.