(1766) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand
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(1766) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Ah! Madame, Madame, qu'avez vous fait? vous laissez courir une Lettrehttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1140011a_1key001cor/nts/001 qui me brouille avec des gens que j'aime, et qui m'aimaient.
Peut on trahir ainsi son confrère? car dans les temps de neige vous savez que je suis vôtre confrère en aveuglement, et vôtre maître en souffrance; soiez donc ma disciple en discrétion. S'il fallait laisser courir des lettres ce serait les vôtres qu'il faudrait publier; elles sont écrites avec cette imagination naturelle et charmante qui dit toujours beaucoup sans prétendre à rien. Si j'avais de la vanité je la mettrais à les avoir reçues. Je suis persuadé que les copies qui courent des miennes ne sont pas fidèles; je le dirai hautement. Vous savez que vous m'avez déjà mis dans la disgrâce de Montcrifhttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1140011a_1key001cor/nts/002, voulez vous me brouiller avec toute l'académie et la philosophie? Je commence l'année par vous gronder, j'espère, si je vis, ne la pas finir de même. Je vous souhaitte à Mr le Président Hainaut et à vous, des jours aussi heureux qu'on peut en avoir quand on n'a plus de passions.