Mr de Florian a pris la▶ peine de m'apporter lui même ◀le▶ paquet dont vous ◀l'▶aviez chargé.
Je ne puis exprimer ◀le▶ plaisir que J'ay eû; mais comme il Est écrit que Je ne sçaurois avoir de Joye parfaitte, il se trouve qu'il manque à ◀la▶ lettre sur mlle Lenclos depuis ◀la▶ page 12 jusqu'à ◀la▶ page 61 inclusivement; voyez quel malheur. Si vous ne réparez pas cet accident je seray au désespoir. J'ay fait cent mille questions à mr de Florian mais j'en ay beaucoup encor à lui faire. J'ay obtenu de lui et de mad. votre nièce qu'ils souperont jeudy chés moy. J'ay déjà ◀l'▶honneur de connoitre un peu mad. de Florian, J'entreray dans ◀les▶ plus grands détails avec elle, je veux savoir tout ce que vous faites, c'est être en quelque sort avec ses amis que de pouvoir ◀les▶ suivre en idé. Je ne sort point d'étonnement de tout ce que Je sçay de vous, vous renversez toutes mes opinions sur ◀la▶ philosophie. J'avois crus jusqu'à présent qu'elle consistoit à détruire toutes ◀les▶ passions. Vous me faites penser aujourd'huy qu'il faut ◀les▶ avoir toutes et qu'il ne s'agit que de bien choisir leurs objets. Vous êtes un être bien singulier et telle qu'il n'y en a Jamais eû de semblables; Je me rappelle ◀le▶ tems de notre première connoissance, dont il y a en vérité près de 50 ans; tout ce que vous avez fait, tout ce que vous avez vû, tout ce qui vous est arrivé feroit une vie assez remplie pour deux ou trois cens hommes. http://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1130362_1key001cor/txt/002Il semble aujourd'huy que vous n'ayez travaillé, que vous ne vous soyez occuppé que du soin de rendre votre viéllesse célèbre (et ce qui vaut encor mieux) infiniment heureuse. Vous êtes placé au milieu de ◀L'▶univers, vous en êtes ◀le▶ centre et ◀L'▶idole, tout accourre auprès de vous, on diroit aussi que vous êtes entre ◀le▶ tems et ◀l'▶éternité, vous Jouissés de ◀la▶ réputation présente et de celle de ◀la▶ postérité. Je ◀le▶ répète, vous êtes un être bien singulier. Il y a de ◀la▶ vanité à dire qu'on vous aime, il y en a à désirer d'être aimé de vous, cependant je crois que mes sentimens sont Exempt de tout alliage, et quand il n'i auroit que moi qui vous connoitroit tel que vous êtes, Je ne vous en aimeroit pas moins. Peut être trouverez vous que Je vous donne de ◀l'▶encensoir autravers du visage, ce n'est pas ma faute, tous mes sens sont perdus ou Engourdis. Je n'ay plus d'âme, je ne sçay plus m'exprimer. Mais ne parlons plus de moi, je suis ce que Je hais ◀le▶ plus dans ◀le▶ monde.http://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1130362_1key001cor/txt/002
Vous me priez de ne point attaquer votre livrée. Je serois bien fâché d'avoir rien à démêler avec elle, elle a tout ◀les▶ attribus de celle des grands seigneurs, elle me fait souvent souvenir d'une chanson que Mad. ◀La▶ D. du Maine avoit fait sur un intendant de mr Le D. du Maine, qui dans ses audiences affectoit toutes ◀les▶ manières de son maitre. Cette chanson finissoit ainsy:
J'étois bien persuadé que vous seriez content du cher de Magdonald, il m'écrithttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1130362_1key001cor/nts/001 qu'il est Emerveillé de vous. Vous ne me dites rien de Mr de Craufurt? est-ce que vous ne lui trouvez pas bien de ◀l'▶esprit? Il a une santé déplorable qui m'inquiète, je ◀l'▶aime beaucoup, et c'est un de vos plus grands admirateurs; J'ay été fort aise de ce que vous m'avez écrit sur ◀le▶ ◀président▶, il y a été extrêmement sensible; sa santé est très bonne; il voit pour moi, J'entend pour lui, et nous trainons notre misérable Viéllesse, tandis que ◀la▶ vôtre paroit vous soutenir.
Adieu monsieur, réparez ◀la▶ faute que votre secrétaire a faite et envoyez moi ◀le▶ plutôt qu'il sera possible ce qui manque à ◀la▶ lettre sur melle Lenclos, depuis ◀la▶ page 12 jusqu'à ◀la▶ page 61.
Soyez persuadé que Je ne laisseray prendre aucune copie de vos lettres, mon secrétaire est de ◀la▶ plus exacte fidélité.http://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1130362_1key001cor/nts/002
Ecrivez moi ◀le▶ plus souvent que vous pourrez. Je voudrois devoir vos soins à votre amitié, mais que je ◀les▶ doive dumoins à vos vertus.
http://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1130362_1key001cor/txt/003 Madame La Duchesse de Boufflers a eü en Effet ◀la▶ petite Vérole; mais elle ne ◀l'▶avoit point eûe par ◀l'▶innoculation; je suis de vôtre avis, quant il y auroit un, ou plusieurs Exemples que ◀l'▶innoculation ne guarentit pas de ◀la▶ petite Vérole, ces exemples par leurs raretés ne doivent pas détourner de cette pratique; on pourroit pariez mille contre un, sur chaque individûs en particulier, qu'il n'aura pas deux fois ◀la▶ petite Vérole; mais ne seroit il pas bien téméraire de soutenir qu'il est impossible d'avoir deux fois cette maladie; et quant il n'y auroit point d'exemple que cela fût jamais arrivé, seroit ce une raison suffisante pour assurer qu'il est impossible que cela n'arrive?
Je dis hier à Madame ◀La▶ M. de Luxembourg ce que vous m'Ecriviés sur elle. Je luy crois quelques rancune contre Vous, à cause de son J. Jacques avec qui cependant je n'imagine pas qu'elle ayt grande Correspondance; mais elle luy a accordée sa protection. Elle ne veut pas apparemment se démentir.
Nous sommes icy dans de grandes allarmes sur mr. ◀Le▶ Dauphin, elles ne sont que trop bien fondées.
Je n'ay point pûe parvenir à avoir ◀La▶ philosophie de ◀L'▶histoire; sy vous pouvés me ◀la▶ faire trouver vous me ferez plaisir, ainsy que toute ◀les petites brochures qui viendront à votre connoissance.