(1761) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand
/ 16
(1761) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Puisque vous aimez l'histoire, Madame, je vous envoie cinqhttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1070454_1key001cor/txt/001 cahiers de la nouvelle Edition de l'Essai sur l'histoire générale.
Vous y verrez des choses bien singulières, et entre autres l'extrait d'un livre Indien qui est peut être le plus ancien livre qui soit au monde. J'ai envoié le manuscrit à la bibliothèque du Royhttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1070454_1key001cor/nts/001, et je ne crois pas qu'il y ait un monument plus curieux.

Quand vous m'aurez rendu mes cinqhttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1070454_1key001cor/txt/001 cahiers je vous en choisirai d'autres. Cette nouvelle Edition ne m'empêche pas de travailler à Pierre Corneille. J'espère, en consultant l'académie, faire un ouvrage utile. Je me sens déjà toute la pesanteur d'un commentateur.

Ce n'est pas seulement, madame, parce que je possède le don d'ennuier, comme tous ces messieurs, que je vous écris une si courte Lettre, mais c'est réellement parce que je n'ai pas un moment de loisir. Comptez qu'il n'y a que la retraitte qui soit le séjour de L'occupation. Si mes travaux pouvaient contribuer à vous délasser quelques moments, je serais encor plus pédant que je ne suis.

Vous me demandez ce que sera le commentaire de Corneille. Il sera une bibliothèque de douze à treize volumes, avec des Estampes. Il ne coûtera que deux Louïs parce que je veux que les pauvres connaisseurs le lisent, et que les rois le paient.

Adieu, Madame, supportez la vie et le siècle.

Quand vous vous faites lire, ayez soin qu'on vous lise d'abord les nottes marginales qui indiquent les matières. Vous choisissez alors ce qu'il vous plait, et vous évitez l'ennui. Je vous demande un peu d'attention pour L'Ezour-Vedam.

Mille tendres respects.

V.