(1760) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand
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(1760) Voltaire to Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Il y a eu madame de la réforme dans les postes.
Les gros paquets ne passent plus. Je doute fort que vous ayez reçu ceux que j'ay eu l'honneur de vous adresser, et j'en suis très en peine. Je vous prie très instamment de me tirer de cette inquiétude. Les rogatons que j'avais trouvez sous ma main pour vous amuser ou pour vous ennuier un quart d'heure sont des misères. Je le sçais bien, mais je serais affligé qu'elles eussent passé dans d'autres mains que dans les vôtres.

Comment vous amusez vous madame? que faittes vous de ces journées qui paraissent quelquefois si longues dans une vie si courte? comment le président Henaut s'accomode t'il d'être septuagénaire? Pour moy qui touche à ce bel âge de la maturité je me trouve très bien d'avoir à gouverner les dix sept ans de Melle Corneille. Elle est guaie, vive et douce, l'esprit tout naturel. C'est ce qui fait apparemment que Fontenelle l'a si mal traittée. Je luy apprends l'ortografe, mais je n'en ferai point une savante. Je veux qu'elle apprenne à vivre dans le monde et à y être heureuse.

Je vous souhaitte les bonnes fêtes, madame, comme disent les italiens mes voisins. Cependant vous ne sauriez croire combien il y a de gens en Italie qui se moquent des fêtes. Mon dieu que le monde est devenu méchant! C'est la faute de ces maudits philosophes.

V.