Apparemment madame que mon camarade Damonhttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF0960201_1key001cor/nts/001 sert son roy aussi vite, qu'il rend tard les▶ lettres des particuliers.
J'aurais bien voulu faire dans ce mois de juin où nous sommes ce voiage dont il parle, et en vérité madame vous en seriez un des principaux motifs. J'aurais pu même prendre ◀L'▶occasion du voiage que fait ◀le▶ roy mon nouvau maitre dans ◀le▶ pays qu'habitait autrefois ◀la▶ princesse de Cleves. Mais ce voiage sera fort court, et je luy ay promis de rester chez luy jusqu'au mois de septembre. Il faut tenir sa parole aux rois, et surtout à celuy là. D'ailleurs il m'inspire tant d'ardeur pour ◀le▶ travail, que si je n'avais pas apris à m'occuper je ◀l'▶aprendrais auprès de luy. Je n'ay jamais vu d'homme si laborieux. Je rougirais d'être oisif quand je vois un roy qui gouverne quatre cent lieues de pays tout ◀le▶ matin, et qui cultive ◀les▶ lettres toutte ◀l'▶après dinée. Voylà ◀le▶ secret d'éviter ◀l'▶ennuy dont vous me parlez, mais pour cela il faut avoir ◀la▶ rage de ◀L'▶étude comme luy, et comme moy son serviteur chétif. Quand il vient de Paris quelque Livre nouvau tout plein d'esprit qu'on n'entend point, tout hérissé de vieilles maximes rebrochées et rebrodées avec du clinquant nouvau, savez vous bien madame ce que nous faisons? Nous ne ◀le▶ lisons point. Tous ◀les▶ bons livres du siècle passé son icy, et cela est fort honnête. On ◀les▶ relit pour se préserver de ◀la▶ contagion. Vous me parlez de deux éditions de mes sottises. Il est bien clair madame que ◀la▶ moins ample est ◀la▶ moins mauvaise. Je n'ay vu encor ny l'une ny l'autre. Je ◀les▶ condamne touttes, et je pense que comme il ne faut point écrire tout ce qu'ont fait ◀les▶ rois, mais seulement ce qu'ils ont fait de mémorable, il ne faut point imprimer tout ce qu'ont écrit de pauvres autheurs, mais seulement ce qui peut à toutte force être digne de ◀la▶ postérité. On me mande que ◀L'▶édition de Paris est incomparablement moins mauvaise que celle de Rouen, qu'elle est baucoup plus correcte. J'aurais ◀l'▶honneur de vous ◀la▶ présenter si j'étais à Paris. On veut que j'en fasse icy une à ma fantaisie, mais je ne sçais comment m'y prendre. Je voudrais jetter dans ◀le▶ feu ◀la▶ moitié de ce que j'ay fait, et corriger l'autre. Avec ces beaux sentiments de pénitence je ne prends aucun party, et je continue à mettre en ordre ◀le▶ siècle de Louis 14. J'ay aporté tous mes matériaux. Ils sont d'or et de pierreries, mais j'ay peur d'avoir ◀la▶ main lourde. Ce siècle était beau, il a enseigné à penser et à parler à celuy cy. Mais gare que ◀les▶ disciples ne soient au dessous de leurs maîtres en voulant faire mieux. Je tâche au moins de m'exprimer tout naturellement et j'espère que quand je reverrai Paris on ne m'entendra plus.
M. ◀le▶ ◀président▶ Henaut, pour qui je crois vous avoir dit des choses assez tendres, parce que je ◀les▶ pense, m'aurait il tout à fait oublié! Il ne faut pas que ◀les▶ saints dédaignent absolument leurs dévots. J'ay d'autant plus de droit à ses bontez qu'il est du siècle de Louis 14. Vous allez donc toujours à Sceaux madame? J'avais pris ◀la▶ liberté de donner une lettre à Dammon pour madame ◀la▶ duchesse du Maine. Il ◀la▶ rendra dans quelques années. Vous avez fait deux pertes à cettehttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF0960201_1key001cor/txt/002 cour un peu différentes l'une de l'autre, madame de Stallhttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF0960201_1key001cor/nts/002, et madame de Malauzehttp://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF0960201_1key001cor/nts/003. Conservez vous, ne mangez point trop. Je vous ay prédit quand vous étiez si malade que vous vivriez très longtemps. Surtout ne vous dégoûtez point de ◀la▶ vie, car en vérité après y avoir bien rêvé on trouve qu'il n'y a rien de mieux. Je conserveray pendant toutte la mienne ◀les sentiments que je vous ay vouez et j'aimeray toujours Paris à cause de vous et du petit nombre des élus.
Mille tendres respects.