« Faites vostre devoir, luy dit-elle en luy tendant le col ; executez l’ordre qu’on vous a donné ; j’irai revoir mes enfans, mes pauvres enfans, que j’ay tant aimez ! […] Elle courut viste leur ouvrir la porte, et leur dit en les embrassant, que je suis aise de vous revoir mes chers enfants, vous estes bien las, et vous avez bien faim ; et toy Pierrot comme te voylà crotté, vien que je te débarboüille. […] Ils se mirent à Table, et mangerent d’un apetit qui faisoit plaisir au Pere et à la Mere, à qui ils racontoient la peur qu’ils avoient euë dans la Forest en parlant presque toûjours tous ensemble: Ces bonnes gens étoient ravis de revoir leurs enfans avec eux, et cette joye dura tant que les dix écus durèrent; mais lors que l’argent fut dépensé ils retomberent dans leur premier chagrin; et résolurent de les perdre encore, et, pour ne pas manquer leur coup, de les mener bien plus loin que la premiere fois. […] Cependant ayant marché quelque temps avec ses freres du costé qu’il avoit veu la lumiere, il la revit en sortant du Bois. […] Aprés avoir fait pendant quelque temps le mêtier de courier, et y avoir amassé beaucoup de bien, il revint chez son pere, où il n’est pas possible d’imaginer la joye qu’on eut de le revoir.