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2. (1697) Histoires ou Contes du temps passé

La jeune reine avoit vingt ans passez, sans compter les cent ans qu’elle avoit dormi : sa peau estoit un peu dure, quoyque belle et blanche ; et le moyen de trouver dans la ménagerie une beste aussi dure que cela ? […] Ce dernier ne pouvoit se consoler d’avoir un si pauvre lot : « Mes freres, disoit-il, pourront gagner leur vie honnestement en se mettant ensemble ; pour moi, lors que j’aurai mangé mon chat, et que je me seray fait un manchon de sa peau, il faudra que je meure de faim. » Le Chat, qui entendoit ce discours, mais qui n’en fit pas semblant, luy dit d’un air posé et serieux : « Ne vous affligés point, mon maistre ; vous n’avez qu’à me donner un sac et me faire faire une paire de bottes pour aller dans les broussailles, et vous verez que vous n’êtes pas si mal partagé que vous croyez. » Quoique le maistre du Chat ne fist pas grand fond là-dessus, il lui avoit veu faire tant de tours de souplesse pour prendre des rats et des souris, comme quand il se pendoit par les pieds ou qu’il se cachoit dans la farine pour faire le mort, qu’il ne desespéra pas d’en estre secouru dans sa misere.

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