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1. (1697) Histoires ou Contes du temps passé

Dans ce moment, la jeune fée sortit de derriere la tapisserie, et dit tout haut ces paroles : « Rassurez-vous, roi et reine, vostre fille n’en mourra pas. […] luy dit-elle ; vous vous estes bien fait attendre. » Le prince, charmé de ces paroles, et plus encore de la maniere dont elles estoient dites, ne sçavoit comment luy témoigner sa joye et sa reconnoissance ; il l’assura qu’il l’aimoit plus que luy-mesme. […] Je vous donne pour don, poursuivit la fée, qu’à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche ou une fleur, ou une pierre précieuse. » Lorsque cette belle fille arriva au logis, sa mere la gronda de revenir si tard de la fontaine. […] puisque vous estes si peu obligeante, je vous donne pour don qu’à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche ou un serpent, ou un crapau. » D’abord que sa mere l’aperceut, elle luy cria : « Hé bien ! […] « Vous me voyez, dit-il, Madame, exact à tenir ma parole, et je ne doute point que vous ne veniez ici pour executer la vostre, et me rendre, en me donnant la main, le plus heureux de tous les hommes.

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