Le desir de cette connoissance a poussé des Heros, & même des Heros de vostre Race, jusque dans des huttes & des cabanes, pour y voir de prés, & par eux-mêmes, ce qui s’y passoit de plus particulier, cette connoissance leur ayant paru nécessaire pour leur parfaite instruction. […] Ayant remarqué, aprés luy avoir fait les complimens ordinaires, qu’elle estoit fort melancolique, il luy dit : « Je ne comprens point, Madame, comment une personne aussi belle que vous l’estes peut estre aussi triste que vous le paraissiez : car, quoyque je puisse me vanter d’avoir veu une infinité de belles personnes, je puis dire que je n’en ay jamais vû dont la beauté approche de la vostre. […] — Si la chose est ainsi, dit la princesse, je souhaite de tout mon cœur que vous deveniez le prince du monde le plus beau et le plus aimable, et je vous en fais le don, autant qu’il est en moy. » La princesse n’eut pas plustost prononcé ces paroles que Riquet à la Houppe parut, à ses yeux, l’homme du monde le plus beau, le mieux fait et le plus aimable qu’elle eust jamais vû. […] Ils disent encore que ses yeux, qui estoient louches, ne luy en parurent que plus brillans ; que leur déreglement passa dans son esprit pour la marque d’un violent excez d’amour, et qu’enfin son gros nez rouge eut pour elle quelque chose de martial et d’heroïque.