La fée partit aussi tost, et on la vit, au bout d’une heure, arriver dans un chariot tout de feu, traisné par des dragons. […] Les broches mêmes qui estoient au feu, toutes pleines de perdrix et de faysans, s’endormirent, et le feu aussi. […] Ayant presté l’oreille plus attentivement, elle ouït que l’un disoit : « Apporte-moy cette marmite » ; l’autre : « Donne-moy cette chaudiere » ; l’autre : « Mets du bois dans ce feu. » La terre s’ouvrit dans le même temps, et elle vit sous ses pieds comme une grande cuisine pleine de cuisiniers, de marmitons et de toutes sortes d’officiers necessaires pour faire un festin magnifique. […] Un soir que ces enfans estoient couchés, et que le Bucheron estoit auprés du feu avec sa femme, il luy dit, le cœur serré de douleur : Tu vois bien que nous ne pouvons plus nourir nos enfans ; je ne sçaurois les voir mourir de faim devant mes yeux, et je suis resolu de les mener perdre demain au bois, ce qui sera bien aisé, car, tandis qu’ils s’amuseront à fagoter, nous n’avons qu’à nous enfuir sans qu’ils nous voyent. […] La femme de l’Ogre qui crut qu’elle pourroit les cacher à son mary jusqu’au lendemain matin, les laissa entrer et les mena se chauffer auprés d’un bon feu , car il y avoit un Mouton tout entier à la broche pour le soupé de l’Ogre.