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1. (1697) Histoires ou Contes du temps passé

La cadette, qui estoit le vray portrait de son pere pour la douceur et l’honnesteté, estoit avec cela une des plus belles filles qu’on eust sceu voir. Comme on aime naturellement son semblable, cette mere estoit folle de sa fille aînée, et, en même temps, avoit une aversion effroyable pour la cadette. […] Moy, dit la cadette, je n’auray que ma juppe ordinaire ; mais, en récompenſe, je mettray mon manteau à fleurs d’or, & ma barriere de diamants, qui n’eſt pas des plus indifferentes. […] La cadette enlaidissoit à veuë d’œil, et l’aisnée devenoit plus stupide de jour en jour. […] Quoy que la beauté soit un grand avantage dans une jeune personne, cependant la cadette l’emportoit presque toûjours sur son aînée dans toutes les compagnies.

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