Porte-luy une galette et ce petit pot de beurre. » Le petit Chaperon rouge partit aussi tost pour aller chez sa mere-grand, qui demeuroit dans un autre village. […] La pauvre enfant, qui ne sçavoit pas qu’il estoit dangereux de s’arrester à écouter un loup, luy dit : « Je vais voir ma mere-grand, et luy porter une galette avec un petit pot de beurre, que ma mere luy envoye. […] — C’est vôtre fille, le petit Chaperon rouge (dit le Loup en contrefaisant sa voix), qui vous apporte une galette et un petit pot de beurre, que ma mere vous envoye. » La bonne mere-grand, qui estoit dans son lit, à cause qu’elle se trouvoit un peu mal, luy cria : « Tire la chevillette, la bobinette cherra. » Le Loup tira la chevillette, et la porte s’ouvrit. […] » Le petit Chaperon rouge, qui entendit la grosse voix du Loup, eut peur d’abord, mais, croyant que sa mere-grand étoit enrhumée, répondit ; « C’est vostre fille, le petit Chaperon rouge, qui vous apporte une galette et un petit pot de beurre, que ma mere vous envoye. » Le Loup luy cria, en adoucissant un peu sa voix : « Tire la chevillette, la bobinette cherra » Le petit Chaperon rouge tira la chevillette, et la porte s’ouvrit. Le Loup, la voyant entrer, luy dit en se cachant dans le lit, sous la couverture : « Mets la galette et le petit pot de beurre sur la huche, et viens te coucher avec moy. » Le petit Chaperon rouge se deshabille, et va se mettre dans le lit, où elle fut bien estonnée de voir comment sa mere-grand estoit faite en son deshabillé.