/ 2
2. (1697) Histoires ou Contes du temps passé

— Vous voyez, Sire, répondit le marquis : c’est un pré qui ne manque point de rapporter abondament toutes les années. » Le maistre Chat, qui alloit toûjours devant, rencontra des moissonneurs et leur dit : « Bonnes gens qui moissonnez, si vous ne dites que tous ces blez appartiennent à monsieur le marquis de Carabas, vous serez tous hachez menu comme chair à pasté. » Le roy, qui passa un moment aprés, voulut sçavoir à qui appartenoient tous les blés qu’il voyoit. […] « Je voy, reprit Riquet à la Houppe, que cette proposition vous fait de la peine, et je ne m’en estonne pas ; mais je vous donne un an tout entier pour vous y resoudre. » La princesse avoit si peu d’esprit, et en mesme temps une si grande envie d’en avoir, qu’elle s’imagina que la fin de cette année ne viendroit jamais ; de sorte qu’elle accepta la proposition qui luy estoit faite. […] Il vint une année très fâcheuse, et la famine fut si grande, que ces pauvres gens resolurent de se deffaire de leurs enfans.

/ 2