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1. (1697) Histoires ou Contes du temps passé

— Je vous donne un demy-quart d’heure, reprit la Barbe-Bleuë, mais pas un moment davantage. » Lorsqu’elle fut seule, elle appella sa sœur, et luy dit : « Ma sœur Anne (car elle s’appelloit ainsi), monte ; je te prie, sur le haut de la tour, pour voir si mes freres ne viennent point : ils m’ont promis qu’ils me viendroient voir aujourd’huy ; et, si tu les vois, fais-leur signe de se hâter. » La sœur Anne monta sur le haut de la tour ; et la pauvre affligée luy crioit de temps en temps : « Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? […] — Encore un moment, s’il vous plaist, » lui répondoit sa femme ; et aussi tost elle crioit tout bas : « Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? […] — Je m’en vais, » répondoit la femme ; et puis elle crioit : « Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? — Je vois, répondit la sœur Anne, une grosse poussiere qui vient de ce costé-cy… — Sont-ce mes freres ? […] — Encore un moment, » répondoit sa femme ; et puis elle crioit : « Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?

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