LA BELLE AU BOIS DORMANT Il estoit une fois un roi et une
reine
qui estoient si faschez de n’avoir point d’enfans
ions, tout fut mis en œuvre, et rien n’y faisoit. Enfin, pourtant, la
reine
devint grosse, et accoucha d’une fille. On fit un
la tapisserie, et dit tout haut ces paroles : « Rassurez-vous, roi et
reine
, vostre fille n’en mourra pas. Il est vrai que je
oy, sur peine de la vie. Au bout de quinze ou seize ans, le roi et la
reine
estant allez à une de leurs maisons de plaisance,
de sa baguette tout ce qui estoit dans ce chasteau (hors le roi et la
reine
) : gouvernantes, filles-d’honneur, femmes-de-cham
: les fées n’estoient pas longues à leur besogne. Alors le roi et la
reine
, aprés avoir baisé leur chere enfant sans qu’elle
omma le Jour, parce qu’il paroissoit encore plus beau que sa sœur. La
reine
dit plusieurs fois à son fils, pour le faire expl
clara publiquement son mariage, et alla en grande ceremonie querir la
reine
sa femme dans son chasteau. On luy fit une entrée
pereur Cantalabutte, son voisin. Il laissa la regence du royaume à la
reine
sa mere, et luy recommanda fort sa femme et ses e
e Aurore. — Ah ! Madame, dit le maistre d’hôtel… — Je le veux, dit la
reine
(et elle le dit d’un ton d’ogresse qui a envie de
qu’elle avoit au fond de la basse-cour. Huit jours après, la méchante
reine
dit à son maistre d’hôtel : « Je veux manger à mo
Cela estoit fort bien allé jusque là ; mais, un soir, cette méchante
reine
dit au maistre d’hôtel : « Je veux manger la rein
ir, cette méchante reine dit au maistre d’hôtel : « Je veux manger la
reine
à la mesme sausse que ses enfans. » Ce fut alors
uvre maistre d’hôtel desespera de la pouvoir encore tromper. La jeune
reine
avoit vingt ans passez, sans compter les cent ans
? Il prit la résolution, pour sauver sa vie, de couper la gorge à la
reine
, et monta dans sa chambre dans l’intention de n’e
fureur, et entra, le poignard à la main, dans la chambre de la jeune
reine
; il ne voulut pourtant point la surprendre, et i
mais ce sera chez moy, où je les ay cachez, et je tromperay encore la
reine
, en luy faisant manger une jeune biche en vostre
ses enfans et pleurer avec eux, il alla accommoder une biche, que la
reine
mangea à son soupé, avec le même appetit que si c
e mangea à son soupé, avec le même appetit que si c’eut esté la jeune
reine
. Elle estoit bien contente de sa cruauté et elle
t à dire au roy, à son retour, que des loups enragez avoient mangé la
reine
sa femme et ses deux enfans. Un soir qu’elle rodo
endit, dans une salle basse, le petit Jour, qui pleuroit parce que la
reine
sa mere le vouloit faire foüetter, à cause qu’il
qui demandoit pardon pour son frere. L’ogresse reconnut la voix de la
reine
et de ses enfans, et, furieuse d’avoir esté tromp
paux, de viperes, de couleuvres et de serpens, pour y faire jetter la
reine
et ses enfans, le maistre d’hotel, sa femme et sa
l eſtoit, ne laiſſoit pas de la regarder, & de dire tout bas à la
Reine
, qu’il y avoit long-temps qu’il n’avoit vû une ſi
la dreſſant, en l’inſtruiſant, Tant & ſi bien qu’elle en fit une
Reine
: (Car ainſi ſur ce conte on va moraliſant.)
s Maraines. RIQUET A LA HOUPPE Il estoit une fois une
reine
qui accoucha d’un fils si laid et si mal fait qu’
personne qu’il aimeroit le mieux. Tout cela consola un peu la pauvre
reine
, qui estoit bien affligée d’avoir mis au monde un
r Riquet estoit le nom de la famille. Au bout de sept ou huit ans, la
reine
d’un royaume voisin accoucha de deux filles. La p
les. La premiere qui vint au monde estoit plus belle que le jour ; la
reine
en fut si aise qu’on apprehenda que la trop grand
it Riquet à la Houppe estoit presente, et, pour moderer la joye de la
reine
, elle luy declara que cette petite princesse n’au
seroit aussi stupide qu’elle estoit belle. Cela mortifia beaucoup la
reine
; mais elle eut, quelques momens aprés, un bien p
que pas qu’il luy manque de la beauté. — Dieu le veuille, répondit la
reine
; mais n’y auroit-il point moyen de faire avoir u
egret toute sa beauté pour avoir la moitié de l’esprit de sa sœur. La
reine
, toute sage qu’elle estoit, ne put s’empêcher de